vendredi 13 juin 2014

Lady Susan - Jane Austen

Titre original : Lady Susan
Traduit de l'anglais par Pierre Goubert
Editions Gallimard, Folio, 2000, 117  pages
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On suppose que Lady Susan a été écrit  en 1793 ou 1794, alors que Jane Austen avait 18 ans. Il s'agit d'un roman épistolaire ( 41 lettres) qui se termine par une conclusion. Sans doute Jane Austen a-t-elle opté pour la forme épistolaire car elle était très en vogue à l'époque. 

Une veuve spirituelle et jolie, mais sans un sou, trouve refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou juste une coquette qui veut s'amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question...

Jane Austen a transcrit ce roman au propre vers 1805 mais  elle n'a pas tenu à le faire publier. Le texte ne fut publié pour la première fois qu'en 1871, plus de cinquante dans après sa mort.

Au début du roman, Lady Susan s'apprête à quitter Langford et ses amis, les Manwaring, pour  rendre à Churchill chez son beau-frère, Charles Vernon, et sa femme Catherine. 
On découvre bientôt que Lady Susan est précédée d'une réputation sulfureuse et qu'à Langford, elle a entretenu une liaison avec M. Manwaring tout s'arrangeant pour détacher Sir James Martin de Melle Manwaring. En effet,  Lady Susan veut absolument que ce dernier  épouse sa fille Frederica (16 ans) car Sir James est fort riche. Mais il est aussi stupide, et Frederica s'oppose violemment au mariage. Sur le trajet vers Churchill, Lady Susan met donc Frederica en pension afin de lui rendre la vie aussi insupportable que possible dans l'espoir qu'elle cède.
Par ailleurs, le jeune frère de Catherine, Reginald, 23 ans, apprenant l'arrivée imminente de Lady Susan, ne peut résister à la curiosité et vient séjourner lui aussi à Churchill. Il connait la réputation de la jeune veuve, qui par ailleurs a essayé avec fourberie de se mettre en travers du mariage de Catherine avec Charles Vernon.

L'originalité de ce roman est que l'on connait les ressentis des uns et des autres - bien différents de ce qu'ils affichent en public - par le biais de leur correspondance privée. La plupart des échanges ont lieu entre Lady Susan et son amie intime Alicia Johnson, et Catherine Vernon et sa mère.

Terriblement fourbe et manipulatrice, Lady Susan est une très jolie femme qui  a beaucoup d'esprit et sait se montrer particulièrement éloquente. Elle arrive ainsi à retourner les situations à son avantage. Elle est aussi terriblement égoïste : la seule chose qui compte pour elle est son intérêt. D'ailleurs elle épouserait bien Sir James Martin elle-même si elle ne le trouvait d'une faiblesse aussi méprisable. C'est une mère négligente et tyrannique.
Rancunière, réussir à séduire un homme qui était prévenu contre elle est une vengeance savoureuse et elle jette évidemment son dévolu sur Reginald.

Seule Catherine, qui n'a pas oublié les manigances de Lady Susan pour tenter de faire échouer son mariage, voit clair dans son jeu. Elle aimerait éloigner Reginald tout en sauvant Frederica d'un mariage qui lui répugne. Un petit  roman  plein de rebondissements, avec des personnages qui surgissent là où on ne les attend pas et contrecarrent évidemment les plans des uns et des autres. Des caractères bien vus et différents : Catherine, sage et clairvoyante... Lady Susan, rouée et sans scrupules, complotant avec Alicia Johnson, qui n'est pas en reste pour manipuler les autres... Reginald, intègre mais un peu crédule et Frederica qui finalement fait preuve de caractère. Quand à Charles Vernon, il ne "vivait que pour faire tout ce qu'on attendait de lui". 
Avec à la clé cette question : Lady Susan parviendra-t-elle à ses fins ?

Finalement, si l'on observe bien jusqu'à la fin, à l'exception de M.Johnson, les hommes de ce roman sont un peu mous ou crédules,  et ce sont les femmes - quelle que soit leur personnalité - qui détiennent la vraie force de caractère.
Lady Susan est assez indépendante et refuse de se plier aux usages de la société, Federica se rebelle, Mme Manwaring se bat pour son mariage et Catherine cherche à protéger son frère et Frederica.


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16 commentaires:

  1. J'avais beaucoup aimé ce court texte plein d'ironie de notre chère Jane.

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  2. Comme ma chérie (titine) j 'aime ce texte!!! En même temps je crois qu 'il est clair que des que l 'on parle de Jane Austen nous ne sommes pas vraiment très objectives!!! :oD

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  3. Lady Susan ne t'a pas fait penser à Mme de Merteuil des Liaisons dangereuses, elle est diabolique ! :)

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  4. Je me souviens encore de ce personnage !

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  5. Pas mon préféré de J. Austen , mais oui , un peu les "liaisons dangereuses" version anglaise , en plus léger , et annonciateur des grands personnages et caractéristiques austeniens des grands livres d'après : femmes anticonformistes , personnages masculins un peu falots ou débordés , pensées et manigances ..Et c'est si bon de les retrouver ! :o)
    Bises et bon week-end, Soie !

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  6. Lu mais je n'en garde aucun souvenir :/

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  7. je me souviens avoir apprécié l'humour et la forme épistolaire. Une lecture légère et sympathique

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  8. Je n'en ai lu qu'un d'Austen (Orgueil & préjugés) et j'ai Northanger Abbaye qui m'attend sagement sur mes étagères. Et j'ai bien l'intention un de ces jours d'avoir l'intégrale des oeuvres d'Austen, j'aime beaucoup ce qu'elle fait !

    Aucun rapport mais... as-tu commencé le livre mystère ? :)

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  9. Je n'ai pas tout lu, mais parmi les livres de Jane Austen que j'ai lus, c'est le seul que j'ai aimé ! Il est vraiment très amusant !

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  10. Lu relu rerelu, forcément... Tu vas en lire d'autres de Jane Austen, je l'espère!

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  11. Je n'avais pas trop aimé cette nouvelle. Je crois que c'est justement le format (la nouvelle) qui m'avait déplu. Il n'y a pas assez de détails à mon goût.

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  12. encore la description d'un monde sans concession de J. Austen ! Je le relirai bien :-)

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  13. J'ai vraiment apprécié le style épistolaire de ce cours roman mais je crois avoir été plus indulgente avec Lady Susan

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  14. Je suis arrivée sur ton blog, par le biais d'un autre (j'avoue, je ne sais plus lequel) et je découvre un livre de Jane Austen dont j'avais pas entendu parlé de loin et qui me fait, à présent, bien envie !

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  15. J'avais trouvé la lecture agréable bien qu'un peu courte à mon goût.

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  16. J'adore ce texte, et quand on pense à l'âge auquel elle l'a écrit, c'est juste hallucinant!

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