Je suis tombée par hasard sur la vidéo d'une conférence dont le thème était La femme dans la littérature coréenne. Une conférence que j'ai trouvée très intéressante, qui soulève le voile sur certaines facettes de la société coréenne. On y retrouve certains traits communs avec notre passé : pendant longtemps, en Europe, la femme a été présente dans une littérature écrite par des hommes, qui y décrivaient un certain idéal féminin et y voyaient un moyen d'asseoir leur domination. Encensée dans la littérature, la femme était en réalité cloîtrée dans sa chambre, mise sous laudanum ou déclarée hystérique et envoyée à l'asile si elle s'opposait trop fermement à son mari (la littérature victorienne est révélatrice de ces faits).
La vidéo est disponible en fin de billet.
La vidéo est disponible en fin de billet.
Cette année, comme l'année dernière, je me suis inscrite au challenge du Printemps Coréen chez Coccinelle. Je n'avais jamais lu de livres d'auteurs coréens auparavant, j'espère donc découvrir ainsi un peu la littérature et la société coréenne (à part Princesse Bari, toutes les œuvres que j'ai trouvées concernent la Corée du Sud)
Alors que l'année dernière j'ai lu 3 albums et 2 romans, cette année je n'ai sélectionné que des romans. Je me suis aperçue - dans ce que j'ai lu jusqu'à maintenant - que l'atmosphère des romans coréens est souvent sombre et dure. Des lectures qui sont parfois déroutantes, voire dérangeantes. J'ai trouvé la conférence intéressante car elle est venue compléter mes lectures et les éclairer un peu.
C'est une société qui semble assez machiste et le thème de la prostitution revient assez souvent. Le mari est complaisant (Bienvenue - Kim Yi-seol) quand ce n'est pas lui qui encourage sa femme à le faire (Une averse - Kim Yu-jong).
Dans ma sélection de cette année, j'ai remarqué que plus de la moitié des auteurs étaient des femmes.
Le portrait qu'elles font des hommes n'est guère flatteur : lâches et fainéants, démissionnaires de leur rôle d'époux ou de père (Les petits pains de la pleine lune - Gu Beong-mo, chronique à venir). On pourrait penser que le fait que les auteurs soient des femmes oriente les débats, mais Kim Yu-jong était un homme et il a dénoncé la même chose (en une époque plus ancienne, il est vrai)
Certaines présentent les choses avec une ironie assez savoureuse, comme Eun Hee-kyung dans La voleuse de fraises. Dans l'extrait ci-dessous, que j'ai relevé lors de la conférence, une jeune femme y parle de son amant :
Pendant notre cohabitation, il ne travaillait pas et il disait avoir sacrifié pour moi l'idée de gagner sa vie pour deux raisons :Tout d'abord parce qu'il aurait pu gagner tellement d'argent s'il avait voulu qu'il m'aurait rendu triste en ayant des aventures avec d'autres femmes, comme les hommes riches.Ensuite, par égard envers moi-même pour que je ne devienne pas paresseuse en rêvant d'une vie facile. Il prétendait qu'il ne risquait pas de tomber lui-même dans la paresse en restant inactif parce que son idéal de vie était l'inaction. [...]Il en allait de même avec son refus de faire le ménage. Autant il avait des conceptions progressistes sur le statut de la femme, autant il estimait que les travaux ménagers étaient une haute valeur intellectuelle et qu'ils prévenaient la dégénérescence sénile, c'est pourquoi il était ignoble de dépouiller la femme de ce droit fondamental. Ce qui ne voulait pas dire qu'il était un fainéant qui ne prenait part à aucune tâche domestique, au contraire. Afin de réveiller mon ambition cachée d'accomplissement féminin, il mangeait avec appétit le plat que j'avais mis du temps à préparer. Ainsi il participait activement à l'économie domestique et n'en retirait qu'un bénéfice gustatif secondaire.
Je vous laisse avec la vidéo :
Très intéressant comme article, je crois que je n'ai jamais lu de livre coréen, il faudra que j'y remédie!
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord, c'est intéressant comme article et je n'ai jamais lu non plus d'auteur coréen, que ce soit en album ou en roman. Je vais y regarder de plus près :)
RépondreSupprimerJ'ai juste lu une BD coréenne car ce pays avait été mis à l'honneur à un festival d'angoulême mais je ne connais pas du tout la littérature coréenne, je vais donc suivre avec attention tes billets ! Déjà, je vais voir la conférence ! Merci pour ton billet très intéressant !
RépondreSupprimerLa vie des femmes n'est jamais facile nulle part, mais ce qui est consternant (pour le moins ) c'est que ça se passe aujourd'hui, au XXI eme siècle! Au moins aujourd'hui , les femmes peuvent elles écrire et décrire elles mêmes leur situation. Mais combien de livres faudra-t-il encore? et d'années ?et de vies sacrifiées?..
RépondreSupprimerJ'ai envie de le lire et en même temps je sais que ça va m'enerver! :o)
J'aime beaucoup cet extrait.Très ironique
RépondreSupprimerMerci Soie, c'est très intéressant ! Je n'ai pas le temps de regarder la vidéo d'une heure maintenant mais j'y reviendrai. Bonnes lectures de ta sélection coréenne (j'ai hâte de lire tes avis) et bon weekend de Pâques.
RépondreSupprimerPS : j'aime beaucoup ton nouveau design très printanier !
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