L'heure zéro - Agatha Christie
Titre original : Towards zero
Traduit de l'anglais par Michel le Houbie
Edition Librairie des Champs Elysées, 1947, 1944 pour l'édition originale
14 février
Il n'y avait qu'une personne dans la chambre et le seul bruit qu'un témoin aurait pu entendre, c'était le grincement de sa plume qui courait sur le papier.
Mais nul n'était là pour lire par dessus son épaule ce qu'elle écrivait. Et, ces lignes, quelqu'un les eût-il lues qu'il aurait douté de ses yeux. Car c'était là, tracé en clair et soigneusement étudié dans tous ses détails, le plan d'un meurtre.
Un plan établi avec minutie par une froide intelligence, parfaitement maîtresse d'elle-même [...]
Il ne manquait qu'une chose : la date.
Elle fut portée sur le document. C'était un jour de septembre.
Puis, avec un sourire, l'auteur du plan déchira les feuillets et, traversant la pièce, alla jeter les morceaux dans le feu. La négligence n'était pas son fait, il veilla à ce que tout fût consumé et détruit.
Le plan n'existait plus maintenant que dans le cerveau qui l'avait conçu. (p18 et19)
Une soirée de septembre
Sont réunis à la Pointe aux Mouettes, chez Lady Tressilian : Nevile Strange et se femme Kay, Audrey, ex-femme de Nevile, Ted Latimer, un fervent ami de Kay, Thomas Royde, très dévoué à Audrey, Mary Adlin qui semble attachée à Thomas et Mr Treves
Entre la nouvelle Mrs Strange, très impulsive, et l'ancienne, qui semble à peine remise de son divorce, la situation est explosive...
La conversation dévie (mais peut-être est-ce Mr Treves qui la fait dévier ?) sur le crime. Il se souvient... des années auparavant...
Deux enfants s'amusaient avec des arcs et des flèches. L'un d'eux blessa l'autre d'une flèche. Blessure mortelle. Il y eut une enquête. L'enfant survivant était littéralement affolé de ce qu'il avait fait, désespéré...[...] Un lamentable accident.
Mais l'histoire change d'aspect si l'on sait que, quelque temps auparavant, un fermier, qui suivait un sentier dans les bois, avait vu l'enfant s'exerçant au tir à l'arc dans une clairière...[...]
A l'enquête, on déclara que ces enfants ne savaient pas se servir d'un arc et qu'ils tiraient maladroitement, un peu au hasard...
Le fermier, ne sachant trop que penser, décida qu'à un enfant on devait accorder le bénéfice du doute et ne témoigna pas. L'enfant changea de nom.
Mr Treves lui, est persuadé que ce fut là un meurtre d'une rare ingéniosité. Cet enfant, dont il n'a voulu mentionner ni l'âge ni le sexe, est aujourd'hui devenu adulte. Mais Mr Treves le reconnaîtrait n'importe où, en raison d'une particularité physique assez remarquable...
Mr Treves a-t-il reconnu son meurtrier dans l'assemblée ?
Mr Treves a une théorie selon laquelle un crime n'est pas un point de départ, comme c'est le cas dans les romans policiers (point de départ d'une enquête), mais l'aboutissement d’événements prenant leur source des années plus tôt : quand enfin tout converge, à L'heure zéro, le crime a lieu...
Rôdent aussi dans les parages Angus MacWhirter, revenu sur les lieux d'un accident dont il a miraculeusement réchappé et l'inspecteur-chef Battle.
L'heure zéro est un des romans policiers d'Agatha Christie qui m'a le plus marquée. Tout au long du roman , on sent les pièces d'un mécanisme se mettre en place... une force implacable est en route, déterminée à ne pas se laisser arrêter...
C'est, pour reprendre une expression du livre, d'une rare ingéniosité... l'esprit qui l'a conçu est un esprit brillant, manipulateur, pervers et dénué de tout scrupule...
Tout au long du roman le lecteur se sent, comme pris dans un engrenage, poussé vers cette Heure zéro sans savoir exactement quand elle sonnera, ni qui en sera la victime...
Ce qui m'a frappée, c'est l'emprise et la dextérité de la personne qui manipule et l'effet sur sa victime qui se sent prise au piège d'un étau qui se resserre inexorablement sans pouvoir le prouver... et qui la croirait ? Les armes psychologiques ne laissent pas de traces ...
A bord du train du mystère, attention, un crime peut en cacher un autre...
Je n'ai pas tellement aimé le film de Pascal Thomas qui est tiré de ce livre : Tout y est transposé en Fance y compris les noms des personnages, alors que l'atmosphère anglaise est un des charmes majeurs des livres d'Agatha Christie. Kay Strange (qui est devenue Caroline Neuville) est complètement hystérique alors que ce n'est pas l'impression qu'elle m'avait fait dans le livre. Les personnages ont perdu en subtilité et c'est fort dommage car la force d'Agatha Christie est là : la subtilité psychologique des personnages et des intrigues ...elle ne laisse rien au hasard, tout a une raison.
J'avais aussi prévu de lire The secret of Chimneys mais je reporte le billet à ce week-end car je n'ai pas tout à fait terminé la lecture.
Lu dans le cadre du Mois Anglais chez Lou et Titine, lecture commune Agatha Christie (le choix de l'oeuvre était libre) avec : Enna (La mort dans les nuages), Val M les livres (Mort sur le nil), Emma (Le bal de la victoire), Mrs B (Dead Man's Folly), Lou (A l'hôtel Bertram), Titine (L'Affaite Protheroe), Cryssilda (Le mystère de Listerdale), Karine :) (The body in the library), Les livres de George Sand et moi (Mort sur le Nil, double adaptation)
Ce livre rentre aussi dans le cadre du challenge Agatha Christie chez George.
Contrairement à toi, j'avais bien aimé l'adaptation et j'attendais d'avoir oublié le film pour lire le livre.
RépondreSupprimerLes adaptations françaises d'A. Christie ne sont pas mes préférées mais pourquoi pas...
SupprimerUn des meilleurs de la dame (mais non, je ne dis pas ça de tous ses romans! ^_^)
RépondreSupprimerElle en a écrit beaucoup alors il n'est pas étonnant qu'on en ait plusieurs favoris :-)
SupprimerMerci pour le lien. Je rajoute le tien dans mon billet. Celui-là, je sais que je l'ai lu ado.
RépondreSupprimerMerci d'avoir rajouté le lien :-)
SupprimerMerci beaucoup pour le lien :) Ce que tu dis de l'intrigue me tente beaucoup car j'ai plutôt lu un roman d'ambiance... je note donc scrupuleusement ! Bon week-end !
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te plaira. Je relirai A l'hôtel Bertram, j'aime la diversité des ambiances de ses romans.
SupprimerAh, il faut que je le relise celui-là... je n'en ai presque plus de souvenir!
RépondreSupprimerC'est un de ceux que j'ai découvert assez tard... contrairement à Un cadavre dans la bibliothèque :-)
Supprimer