Titre original : Rebecca
Traduit de l'anglais par Denise van Moppès
Editions Albin Michel, Le Livre de Poche, 1939, 1938 pour l'édition anglaise.
Quatrième de couverture :
Dès les premières heures à Manderley, somptueuse demeure de l'ouest de l'Angleterre, le souvenir de celle qu'elle a remplacée s'impose à la jeune femme que vient d'épouser Maxim de Winter.
Rebecca, morte noyée, continue d'exercer sur tous une influence à la limite du morbide. La nouvelle madame de Winter, timide, effacée, inexpérimentée, se débat de son mieux contre l'angoisse qui l'envahit, mais la lutte contre le fantôme de Rebecca est par trop inégale.
Daphne du Maurier, dans Rebecca, qui est sans doute le roman le plus caractéristique de son talent, fascine le lecteur et l'entraîne à la découverte d'inquiétantes réalités sans quitter le domaine familier de la vie quotidienne.
J'ai lu Rebecca pour la première fois lorsque j'avais environ 20 ans.
Il m'en restait un souvenir précis des personnages : la jeune madame de Winter inexpérimentée et peu sûre d'elle. Elle est très jeune et rien ne l'a préparée à diriger un jour une demeure telle que Manderley. Elle en conçoit un sentiment d'infériorité et ne sait pas s'imposer auprès de ses employés de maison.
Son mari, souvent emmuré dans ses pensées, ne fait rien pour l'aider.
La toute nouvelle mariée - la narratrice - se sent insignifiante et particulièrement inférieure à la première Mme de Winter : Rebecca, une jeune femme au charisme époustouflant qui dirigeait Manderley de main de maître. Il plane autour de la défunte une sorte d'aura, d'autant plus qu'elle est décédée dans des circonstances tragiques : intrépide, elle a pris son bateau par une nuit de tempête et s'est noyée au large la baie de Manderley.
Cette dualité entre la morte et la vivante est attisée par Mrs Danvers qui fut la gouvernante de Rebecca et lui a voué, lui voue toujours, une adoration malsaine à la limite du fanatisme.
Elle continue d'ailleurs à la désigner comme Mme de Winter, faisant référence à elle (et sa à façon de diriger Manderley en particulier, à sa beauté, à l'adoration que lui vouait Maxim) à tout propos si bien que la nouvelle Mme de Winter semble terne et à vrai dire, presque "morte" alors que paradoxalement la défunte brille de mille feux et semble extraordinairement vivante.
Le sentiment d'insignifiance que ressent la seconde Mme de Winter est amplifiée par le fait que nous ne connaissons pas son prénom : dès le début, elle se définit par rapport à quelqu'un (la demoiselle de compagnie de Mrs Van Hopper - subordonnée donc - une américaine qui elle a de l'assurance pour dix. :-)
Par la suite elle est la deuxième Mme de Winter. Elle se dénigre elle-même à un point tel qu'un jour, alors qu' on demande Mme de Winter au téléphone, elle répond spontanément que Mme de Winter est décédée, (alors que Mme de Winter, c'est elle, bien sûr)
C'est par son regard qu'on suit le déroulement de l'histoire, puisque c'est elle la narratrice. Elle est attachante malgré sa gaucherie (ou peut-être en raison de sa gaucherie ?) en particulier car elle ne recèle en elle aucune noirceur. Ce n'est pas et ce ne sera jamais une femme qui aime à se mettre en avant ni être le centre des regards, mais on sent néanmoins en elle des qualités solides qui ne demandent qu'à s'affirmer.
Il pèse sur Manderley une atmosphère malsaine, qu'on sent au fil des pages de plus en plus enveloppant, insidieux, comme une sorte de brouillard maléfique qui s'épaissit.
Paradoxalement le décors est enchanteur : une somptueuse demeure anglaise dont on imagine l'élégance et la grâce, au coeur d'un parc splendide et dominant la mer à laquelle on accède par un petit sentier... ce cadre m'a fait longtemps fait rêver et je ne peux plus désormais voir un rhododendron sans penser aussitôt à Manderley :-)... ces rhododendrons rouge sang, que Rebecca adorait, et qui semblent se substituer à elle : des fleurs spectaculaires, qui s'imposent, clinquantes, au regard et qui sont devenues envahissantes... je crois, oui, que dans Rebecca, les rhododendrons qui prolifèrent sont un peu le symbole du malaise qui gagne du terrain jusqu'à avoir tout envahi.
Les personnages, le cadre, l'intrigue, et le dénouement final, tout contribue à faire de Rebecca le succès qui est le sien.
J'aime beaucoup Daphné du Maurier, je trouve qu'elle avait un don certain pour distiller le suspense.
Mes romans préférés de cette auteure, outre Rebecca, sont Ma cousine Rachel, l'Auberge de la Jamaïque et le Général du Roi. Je dois bien reconnaître que si les trois autres sont excellents, j'ai quand même une petite préférence pour Rebecca, sans doute à cause du cadre et du coup de théâtre final.
Rebecca a aussi été présenté par : Petit Speculoos, Titine, Maggie, Geneviève, Keisha Bianca Lilasviolet
J'ai lu ce livre das le cadre du Mois Anglais chez Titine et Lou.
Il rentre aussi dans le cadre du challenge British Mysteries proposé par Hilde et Lou, du challenge Petit Bac 2013 organisé par Enna (catégorie prénom), du challenge Les 100 livres à avoir lu chez Bianca et du challenge Daphne du Maurier organisé par moi-même. (On peut dire que c'est une lecture "rentabilisée" ;-)
Par ailleurs, si cela n'existe pas déjà, j'aimerais proposer un challenge dédié à la Cornouailles anglaise. Lorsque Maxim et sa jeune femme arrivent à Manderley, on voit qu'ils viennent de Londres et qu'ils dépassent Exeter. Exeter n'est pas à proprement parler en Cornouailles, la Cornouailles s'étend à l'ouest de la Tamar, c'est à dire à l'ouest de Plymouth, Tavistock, Launceston et Bude... mais dans ce challenge je prendrais aussi le Dartmoor qui est tout proche.
Je vous en reparlerai dans quelques jours, sauf si je découvre d'ici là qu'un challenge de ce genre est déjà en cours.
C'est mon préféré également, j'adore ce roman et l'ambiance qui s'en dégage. Ah Manderley ... ;-)
RépondreSupprimerJ'avais beaucoup aimé ! Tu sembles avoir pris plaisir à cette relecture (peut-être devrais-je en faire autant, un de ces jours ?).
RépondreSupprimer"J'ai révé l'autre nuit que je retournais à Manderley", ainsi commence ce roman que j'adore!Un des rares que j'ai relus plusieurs fois. A ce que tu dis, j'ajoute que j'aime le personnage etrange et ambigu de Mme Danvers , superbement interprétée au cinéma par Judith Anderson;Elle me fait penser à la Grace Pool de Jane Eyre , gardienne mysterieuse , source de terreur, temoin du passé..La 1ere Mme de Winter semble comme un fantôme qu'on ne voit jamais mais qui rôde, omnipresent. Un livre magnifique!
RépondreSupprimerC'est mon préféré aussi ! Le hitchcock rend très bien l'atmosphère aussi !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce livre! Je l'ai lu et relu moi aussi!
RépondreSupprimerJ'aime aussi beaucoup L'auberge de la Jamaïque, pour l'atmosphère.
Daphné du Maurier on y revient toujours avec plaisir!
Bonjour Soie,
RépondreSupprimerJe l'ai lu il y a longtemps, à l'adolescence. Peut-être le relirai-je...
Ton nouveau challenge ne concernerait que ces deux régions d'Angleterre ?
Bonne journée.
Je l'ai relu aussi il y a deux trois ans (en VO) et espère relire aussi Ma cousine Rachel (mais bon, un projet pour l'instant)
RépondreSupprimerJ'avais bien aimé ma relecture il y a quelques mois. Mais j'avoue qu'il ne me restait aucun souvenir du roman.
RépondreSupprimerJ'adoooore la phrase d'ouverture. Quand je l'ai lu pour la première fois, dans mon esprit s'est effectué un curieux mélange avec Jane Eyre... c'était de toute beauté!
RépondreSupprimerMerci pour cette première participation ! J'ai eu un coup de coeur pour ce roman lorsque je l'ai lu l'année dernière, j'ai beaucoup aimé l'adaptation Hitchcock également, il ne me reste plus désormais qu'à lire ses autres oeuvres
RépondreSupprimerJe pense que l'ambiance de ce roman me plairait. Il faut que je le note pour de bon.
RépondreSupprimerMerci pour ta nouvelle participation. :)
Je viens de le lire : brillant !!!!! :-)
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