samedi 30 novembre 2013

Nouvelles fantastiques anglaises - Stories of Mystery

Edité par Le Live de Poche, collection "Les langues modernes/bilingue"

Paru en 1990, ce recueil comprend  6 nouvelles fantastiques traduites et annotées par Jean-Pierre Naugrette. Il a également rédigé la préface et chaque nouvelle est précédée d'une page de présentation. 

Coup de cœur pour ce recueil qui regroupe :  
- The Expedition to Hell / Une expédition en enfer (1836) - James Hogg
- The Tell-Tale Heart / Le Cœur Révélateur (1843) - Edgar Poe
- The Signal-Man / Le Signaleur (1866) - Charles Dickens
- The Body-Snatcher / Le Voleur de cadavres (1884) - Robert Louis Stevenson
- The Boarded Window / La Fenêtre aveugle (1891) - Ambrose Bierce
- The Adventure of the Creeping Man / L'Aventure de l'homme qui rampait (1923) - Sir Arthur Conan Doyle


Il s'agit d'une édition bilingue. Chaque nouvelle est présentée avec le texte anglais sur la page de gauche, la traduction française sur la page de droite.

A chaque page, une dizaine de mots ou expressions sont annotées dans la version anglaises et repris plus en détail en bas de page : explication de points de vocabulaire ou de grammaire particuliers, jeux de mots, etc...

Je trouve que cette collection bilingue mérite vraiment d'être connue. La présentation est pratique, si on a une petite fatigue passagère on peut continuer en français et revenir plus tard au texte anglais - ou pas - chacun peut faire à sa convenance. C'est bien adapté quand on souhaite lire en anglais mais que la lecture de tout un roman en VO reste encore un peu laborieuse. (En moyenne je cherche quand même 5 à 6 mots par page  dans le dico donc là ma lecture est  plus fuide)
L'avantage d'un recueil de nouvelles, c'est aussi que les textes ne sont pas trop longs.

J'ai un autre ouvrage dans la même collection, L'Etrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Stevenson, une seule nouvelle donc une lecture un peu plus longue mais je reste "fan" du principe.

Dans Stories of Mystery, j'ai apprécié d'avoir plusieurs talents britanniques du XIX ème siècle réunis autour d'un même thème. J'ai eu ainsi le plaisir de découvrir James Hogg et Ambrose Pierce que je n'avais jamais lus. La dernière nouvelle est un peu plus récente (1923). Les nouvelles sont présentées dans l'ordre chronologique de leur publication.

Dans la préface de l'ouvrage (13 pages), Jean-Pierre Naugrette nous explique les caractéristiques de la littérature fantastique et en quoi ce courant diffère du merveilleux (les contes de  fée) et du gothique.

Chaque nouvelle est précédée de sa propre préface qui la situe par rapport à d'autres nouvelles fantastiques ou d'autres courants littéraires. Je conseille de ne lire celle d' Une expédition en enfer qu'après la nouvelle pour préserver toute la surprise et la saveur de l' histoire. De même pour celle d'Un cœur révélateur, mais pou une autre raison : sans en révéler l'intrigue, la préface dévoile un détail d'une autre nouvelle de Poe, Le Chat noir.

Préfaces de l'Aventure de l'homme qui rampait et du Signaleur

Pour finir voici un petit aperçu du contenu de chacune des nouvelles :

- Une expédition en enfer : Un cocher d'Edimbourg se trouve pris dans une expédition nocturne qui tourne au cauchemar.

- Le Cœur Révélateur : Il est impossible de dire comment l'idée naquit dans mon cerveau ; mais dès sa naissance, elle me hanta jour et nuit. D'objet, aucun. De passion, point. J'aimais ce vieil homme. Il ne m'avait jamais fait aucun mal. Il ne m'avait jamais insulté. De son or, je n'avais aucune envie. Je crois que c'était son œil ! Oui, c'était ça ! Il avait un oeil de vautour, - un œil bleu pâle, avec une taie dessus. Chaque fois qu'il tombait sur moi, mon sang se glaçait ; et c'est ainsi, peu à peu, - progressivement, - que je me mis en tête d'ôter la vie à ce vieillard, et par la même occasion de me délivrer de l’œil à tout jamais.

- Le signaleur : Près d'une voie ferrée solitaire perdue au fond d'une tranchée humide et sinistre, dans laquelle un "pauvre signaleur" se trouve confronté à des phénomènes qui le dépassent...

- Le Voleur de cadavres : Chaque soir soir de l'année  nous nous retrouvions tous les quatre dans la petite salle du George, à Debenham - l'entrepreneur de pompes funèbres, l'aubergiste, Fettes, et moi-même. [...]

Par une soirée d'hiver, l'un des clients de l'hôtel tombe malade et un médecin de Londres est appelé. Pourquoi la vue de Fettes  le plonge-t-il  dans la terreur ?

- La fenêtre aveugle : En 1830, près du  le lieu occupé aujourd'hui par Cincinnati, s'étend une immense forêt peuplée seulement par quelques colons. L'un deux, Murlock, occupe une cabane de rondins dont l'unique fenêtre est occultée. Peu de personnes en connaissent la raison. Le narrateur, petit-fils d'un contemporain de Murlock la connait... (L'apothéose est dans la chute)

- L'Aventure de l'homme qui rampait : Une enquête policière et psychologique qui reprend le thème du savant double (Jekyll et Hyde) en la personne du Pr Presbury


Lecture présentée dans le cadre des challenges suivant : British Mysteries chez Lou et Hilde, Challenge Halloween chez Lou et Hilde, Challenge XIXème siècle chez Fanny et Keidra .




vendredi 29 novembre 2013

Il était une fois Noël


Pour partager un esprit de fête tout au long du mois de décembre, je me suis inscrite au challenge Il était une fois Noël organisé par Petit_Speculoos, Chicky Poo et Samarian.



Je ne pourrai pas être de tous les rendez-vous mais je me réjouis déjà d'être de la fête et de participer à certaines lectures communes, dont une est organisée en commun avec le challenge British Mysteries.

 Voici donc le programme des réjouissances 


- Dim. 1er décembre : début du challenge... on s'installe au chalet... : tea time / boisson préférée
- Lundi 2 décembre : nos blogs se mettent aux couleurs de Noël
- Mardi 3 décembre : partage des playlists de Noël pour se mettre dans l'ambiance et donner une atmosphère cosy au chalet
- Mercredi 4 décembre : lecture jeunesse sur le thème de Noël/hiver
- Sam.7 et dim.8 décembre : Marathon de lecture (aux thèmes de Noël et de l'hiver)
- Mardi 10 décembre : publication de la wishlist de Noël
- Mercredi 11 décembre : photos de décorations en ville/ marché de Noël. Que ce soit le vôtre ou dans une autre contrée.
- Vendredi 13 décembre : billet autour d'histoires de fantômes de Noël (dans la littérature, au cinéma, une anecdote à raconter...)
- Samedi 14 décembre : lecture commune (un vote aura lieu pour définir la lecture)
- Dimanche 15 décembre : création de décoration(s) de Noël
- Lundi 16 décembre : envoi des cartes de vœux
- Mardi 17 décembre : billet commun en association avec le challenge British Mysteries organisé par Lou et Hilde, soit un polar britannique/irlandais ayant lieu à Noël (type Anne Perry), soit une mystérieuse histoire de Noël (par exemple L'étrange Noël de Mr Scrooge). Cela peut être un roman, un conte, une bande dessinée ou encore un film.
- Mercredi 18 décembre : billet sur un film de Noël vu tous ensemble (un vote aura lieu pour définir le film)
- Jeudi 19 décembre : partage des photos des sapins
- Vendredi 20 décembre : partage de recettes de Noël (réalisées ou non, pas d'obligation de cuisiner même si c'est plus rigolo.
- Dimanche 22 décembre : lecture d'une BD
- Mardi 24 décembre : partage de la table/du menu
- Mercredi 25 décembre : Joyeux Noël
- Jeudi 26 au 31 décembre : derniers partages, cadeaux et autres posts

Et voici les jolis logos à arborer sur nos billets :













Joyeux mois de décembre à tous !




mercredi 27 novembre 2013

La cave à charbon - Ruth Rendell

Titre original : The Vault
Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet
Publié en français aux Editions des Deux Terres, octobre 2013

L'histoire :


L'inspecteur Wexford a pris sa retraite. Il partage désormais son temps entre sa résidence secondaire  de Hampstead, à Londres, et sa maison de Kingsmarkham dans le Sussex. Il s'est mis à la marche et l'un de ses plaisirs est d'arpenter la capitale à pied. Ce qui a le double avantage de lui faire découvrir Londres et de lui faire perdre du poids. C'est lors d'une de ces sorties qu'il rencontre l'une de ses anciennes connaissances, le commissaire Tom Ede. Ce dernier ne tarde pas à solliciter son aide en qualité de conseiller privé pour enquêter suite à une   découverte  macabre dans la cave à charbon d' Orcadia Cottage, une maison cossue du quartier de St John's Wood. 

Les cadavres de deux hommes et  de deux femmes non identifiés y ont été retrouvés. Trois d'entre eux étaient dissimulés  là depuis  une douzaine d'années. La dernière victime y a été déposée beaucoup plus récemment, deux ans tout au plus. De plus, on a retrouvé sur l'un des hommes pour quarante mille livres de bijoux ainsi qu'un morceau de papier portant un message énigmatique...


La tâche s'annonce ardue pour l'inspecteur Wexford et Tom Ede.  En effet, durant les 12 dernières années, Orcadia Cottage a changé plusieurs fois de propriétaires. Les fausses pistes et impasses semblent s'accumuler : une porte intérieure  murée, une première occupante  volage et recevant ses amants à domicile, des entrepreneurs chargés d'établir un devis pour des travaux d'extension demandés par le dernier propriétaire. Est-ce la même personne qui a dissimulé là les quatre corps, ou bien a-t-on affaire à deux assassins, voire plus ? L'entrée du réduit se trouve dans une cour intérieure dont le portillon  donnant sur la rue n'était pratiquement jamais fermé à clé.

Recueillir des informations par le biais de l' enquête de voisinage ne s'avère guère plus aisé. Les Londoniens sont peu enclins à entretenir des relations avec leurs voisins et les logements ont eux aussi changé plusieurs fois d'occupants. Néanmoins un témoignage lance l'inspecteur sur la piste d'une Ford Edsel Corsair aperçue a plusieurs reprises garée près d'Orcadia Cottage...

La première partie du roman m'a semblé un peu lente, j'ai préféré le rythme de la 2ème moitié et j'ai eu un peu de mal à retenir les  noms des différents entrepreneurs (de plus l'un des autres suspects a une double identité.)
A ces petites réserves près, j'ai passé un très agréable moment à suivre Reginald Wexford dans son enquête. Le personnage de cet inspecteur placide, plus tout jeune, m'a bien plu. J'ai bien évidemment apprécié que l'histoire se déroule à Londres.

J'ai fait ma propre "enquête" pour découvrir à quoi pouvait bien ressembler l'Edsel Corsair qui occupe une place de choix dans ce livre (je suis curieuse ;-). La voici, dans un autre coloris (celle du récit est "d'un jaune tirant sur le vert"). A sa commercialisation, en 1958-1959 ce fut un flop total, les clients potentiels n'aimaient pas sa calandre. C'est devenu par la suite une voiture de collection.




J'ai également découvert que Ruth Rendell a repris dans ce livre deux personnages d'un de ses précédents romans policiers, où n'intervenait pas alors l'inspecteur Wexford. Je compte lire cet autre volet, mais je n'en donne pas le titre ici pour ne pas dévoiler une partie de l'intrigue de La cave à charbon. (Mais si vous voulez le connaître, je le donne pas mail)
Je compte également lire d'autres enquête de l'inspecteur Wexford.

Je remercie Martine et Carla des éditions Les Deux Terres pour ce roman.



Cette lecture rentre  dans le cadre des challenges I love London chez Maggie et Titine et La plume au féminin chez Opaline


mardi 19 novembre 2013

lundi 18 novembre 2013

La petite Venise ( Io sono Li ) réalisé par Andrea Segre

Réalisé par Andrea Segre Avec Zhao Tao, Rade Serbedzija, Marco Paolini - durée 1h38

Sur une île de la lagune vénitienne, un pêcheur fait la connaissance d’une jeune chinoise récemment immigrée. Une douce amitié naît peu à peu entre ces deux êtres que tout semble séparer. Mais leurs sentiments dérangent deux communautés qui se rejettent : Italiens et Chinois voient d'un mauvais œil leur complicité naissante... 




Shun Li travaille dans un atelier textile de Rome. Elle doit rembourser sa dette envers la communauté chinoise qui a avancé l'argent pour sa migration de la Chine vers l'Italie. Du jour où elle a accepté ce contrat, elle a renoncé à tout contrôle sur sa propre existence.
Seul les chefs de la communauté chinoise ont pouvoir de décider quand cette dette sera remboursée et quand le fils de Shun Li, 8 ans, resté en Chine, sera autorisé à la rejoindre. L'existence de Shun Li est tournée toute entière dans l'attente de cette "nouvelle". 

Shun Li est bientôt transferrée  à Chioggia, petite ville de pêcheurs de la lagune vénitienne,  pour y travailler comme barmaid. Elle y rencontre le pêcheur  Bepi, surnommé Le Poète pour son penchant à composer des rimes.
Trente ans auparavant, Bepi a lui aussi quitté son pays, la Yougoslavie, pour l'Italie. Désormais veuf, il refuse de quitter Chioggia pour s'installer près de son fils, à Mestre.
Tous deux esseulés, Li,  issue d'une famille de pêcheurs, et Le Poète se découvrent peu à peu des points communs et se lient d'amitié.

Mais cette amitié est mal vue aussi bien par la communauté  italienne que part la communauté chinoise.
"Ce genre d'amitié peut retarder l'annonce de La Nouvelle".



Andrea Segre a réalisé plusieurs documentaires avant ce film. J'ai trouvé que cela se ressent dans sa façon de filmer et que cela convenait tout à fait à l'ambiance intimiste du film:  gros plans sur les personnages  principaux, scènes du quotidien, mais aussi de superbes plans de la lagune. On a l'impression qu'il est à l'écoute des acteurs.
Loin des scènes touristiques ensoleillées, il nous montre aussi ici la réalité hors saison : la brume, les rues de Chioggia inondées, la  vie quotidienne des pêcheurs.

Je me suis laissée portée par la délicatesse et la poésie qui émane de ce film.  Les acteurs, et principalement les acteurs principaux,  interprètent leur rôle avec justesse et sobriété.

Le réalisateur n'a pas souhaité fouiller toutes les questions sociétales évoquées par ce film. Un petit groupe de pêcheurs symbolise la ville de Chioggia et une petit groupe de Chinois symbolise la communauté chinoise. Il y a beaucoup d'ellipses, de points qui sont laissés à l'interprétation du spectateur. J'ai aimé car il en émane une délicatesse et une ambiance asiatique (j'ai souvent noté cette façon de procéder dans la littérature japonaise). Le spectateur peut en être frustré.

Le titre est un jeu de mots qui  signifie à la fois Je m'appelle Li et Je suis là.

L'avis de Dasola 


vendredi 15 novembre 2013

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Titre original : The Guernesey Literary and Potato Peel Pie Society
Edité par The Dial Press en 2008
Traduit de l'américain par Aline Azoulay-Pacvon
Editions NiL, 2009 pour la traduction française, 388 pages


Quatrième de couverture:
Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné, délicieusement excentrique ; celui d'un club de lecture au nom étrange inventé pour trompé l'occupant allemand : le "Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates". De lettre en lettre, Juliet découvre l'histoire d'une petite communauté débordante de charme, d'humour, d'humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey...



Bien que les deux histoires soient complètement différentes, ce roman m'a rappelé 84, Charing Cross Road d'Helene Hanff.
On retrouve dans les deux cas une  construction sous la forme d'un échange de  lettres, mais celles d'Helene Hanff sont issues de sa correspondance privée alors que Le Cercle Littéraire des amateurs d'épluchures de patates est un roman.
Dans les deux cas on retrouve le Londres de l'après guerre et les livres y occupent une place de choix au travers des personnages que l'on rencontre :  écrivain, éditeur, membres d'un cercle de lecture.

Je suis tombée sous le charme de ce roman. 

J'aime beaucoup  les romans épistolaires. J'aime la correspondance (dans la réalité) et je trouve que ce procédé de narration crée une certaine proximité avec les personnages.
Dans le cas présent, le téléphone de Juliet git en miettes sous les décombres de son appartement  bombardé, et elle n'en a pas dans son nouveau logement.

Juliet correspond très fréquemment avec son éditeur, Sydney, et avec la sœur de celui-ci, Sophie, qui sont tous deux ses amis. Une lettre reçue d'un habitant de Guernesey sera fortuitement le point de départ d'une correspondance avec les membres d'un cercle littéraire un peu particulier. 

Juliet est douée pour conter et décrire  avec humour. 

     Puisqu'il n'est rien que je ne fasse plus volontiers qu'écumer les librairies, je me suis rendue chez Hastings & Sons dès réception de votre lettre. Je fréquente cette librairie depuis des années et j'y ai toujours trouvé le livre  que je cherchais - et trois autres dont j'avais envie à mon insu. 
(Juliet à Dawsey Adams, P21)

Original, le thème de la guerre vécue par les habitants de Guernesey m'a particulièrement intéressée, tout comme le contexte de l'après guerre.

    Pourquoi suis-je si mélancolique ? Je devrais me réjouir de la perspective de lire Izzy à un auditoire conquis. Tu sais que j'aime parler des livres, et que j'adore recevoir des compliments. Je devrais être enthousiaste. Mais la vérité est que je suis d'humeur morose - plus encore que pendant la guerre. Tout semble si effondré, Sophie : les routes, les bâtiments, les gens. Les gens, surtout. 
(Juliet à  Sophie, P16)

     La guerre n'en finit pas de finir

Deux choses m'ont particulièrement marquée.

- L'évacuation en toute hâte des enfants de Guernesey vers l'Angleterre face à la menace d'une invasion allemande imminente, sans que les parents sachent où se trouvaient leurs enfants à destination, et sans qu'ils en aient de nouvelles avant leur retour à la fin de la guerre.

- L'isolement de Guernesey :
     Nous étions si assoiffés de nouvelles durant la guerre. Il nous était interdit de recevoir des lettres et des journaux d'Angleterre - ou d'ailleurs. En 1942, les Allemands ont réquisitionné les postes de radio portatifs. Bien sûr nous en avions caché quelques-uns que nous écoutions en secret, mais se faire prendre sur le fait, c'était risquer de se retrouver dans un camp. 
(Dawsey Adams à Juliet, P48)

L'histoire de la naissance du cercle de lecture, créé dans l'urgence face à la menace d'une déportation, est malgré son contexte assez savoureuse.
Des personnes n'ayant pas forcément de goût particulier pour la lecture s'y trouvent enrôlées malgré elles et il en naît parfois des situations et des réflexions cocasses. 

J'ai apprécie de découvrir cette petite communauté de Guernesey d'abord touche par touche, au fur et à mesure que les membres du cercle de lecture prenaient contact avec Juliet.
Puis, dans le seconde partie du roman, au travers de Juliet elle-même, qui, arrivée à Guernesey, continue d'écrire à Sydney  et à Sophie. 
J'ai bien aimé le clin d’œil à un écrivain très connu par le biais de lettres de sa main détenues  par une des habitantes de l'île.


Ce roman est un de mes coups de cœur.

Il rentre dans le cadre du Challenge Petit Bac, chez Enna, catégorie aliments/boissons avec le mot patates dans le titre.



Ainsi que dans le cadre du challenge La plume au féminin chez Opaline


mercredi 13 novembre 2013

Les Contes Macabres - Edgar Allan Poe - Illustrés par Benjamin Lacombe

Traduction de Charles Baudelaire
Illustrations de Benjamin Lacombe
Editions Soleil, Collection  Métamorphose, 218 p


Cet album présente les contes suivants :  - Bérénice
- Le Chat Noir
- L'Ile de la Fée
- Le Cœur révélateur
- La Chute de la Maison Usher
- Le Portrait Ovale
- Morella
- Ligeia

Les Contes sont suivis de EDGAR POE, sa vie, ses œuvres de Charles Baudelaire, puis d'une biographie-bibliographie d'Edgar Poe, de Charles Baudelaire et de Benjamin Lacombe.

Ce magnifique album de 218 pages est un vrai petit bijou.

La couverture :
D'un noir mat, elle est ornée d'un superbe médaillon sur fond rouge, représentant une veuve à la tenue rehaussée de dentelle. Les illustrations sont soignées jusque dans les moindres détails : reflets satinés du tissu, finesse de la dentelle, grains et croix du chapelet, délicatesse  du visage et des mains de la femme.
Le médaillon est entouré d'une guirlande végétale en creux (fer à chaud noir sur noir) d'où émergent des têtes de mort et un chat noir squelettique :-)
Des petites têtes de mort en vernis brillant  disposées régulièrement, en alternance avec le visage  cadavérique  d'Edgar Poe, parachèvent la touche macabre de cette couverture.



A l'intérieur de l'album :
Les nouvelles imprimées en noir sur fond blanc alternent avec celles imprimées en blanc sur fond noir. 
Les illustrations de Benjamin Lacombe, où les tons noir, rouge, verdâtre et blanc prédominent se marient à merveille avec la prose d'Edgar Poe et les thèmes repris dans ce volume.





Beaucoup de touches font que j'éprouve toujours un réel plaisir à me plonger dans ce superbe livre : lettrine décorant le début de chaque histoire, cadres ornés de petits détails macabres, médaillons en présentation et en fin d'histoires). Je trouve que le trait reste toujours élégant.


En ce qui concerne les contes proprement dits, ce recueil nous offre le   plaisir de lire à la fois Edgar Poe et Charles Baudelaire, puisque c'est le second qui a traduit ici les textes du premier. Sélectionnées parmi l'oeuvre d'Edgar Poe, ces nouvelles fantastiques ont pour thème commun la mort et prennent souvent leur source dans une obsession. Le thème de la folie est récurrent, et dans une moindre mesure, celui de l'addiction (alcool, opium, qui servent la folie). La femme occupe dans ce recueil un rôle central (sauf dans Le coeur révélateur où elle est absente). C'est d'elle que naît presque toujours l'obsession de l'homme, et elle en est sa victime.
L'Ile aux fées est un peu à part : bien que morbide, j'ai trouvé qu'elle pouvait aussi s'apparenter à un rêve.

Je classe ce livre dans mes Coups de Cœur.

Les avis de Mrs Figg et Hilde


C'est une participation tardive au Challenge Halloween chez Lou et Hilde.


Il rentre également dans le cadre du Challenge XIXème siècle chez Fanny et Kheira.


lundi 11 novembre 2013

Une averse - Kim Yu-jong


Recueil de nouvelles traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet
Editions ZULMA, 2000, 148 pages


Le thème des nouvelles de ce recueil sont tout à la fois le couple - cette désastreuse entreprise - et la condition paysanne en Corée au début du XXème siècle. 

Kim Yu-jong (1908 -1937) connait parfaitement son sujet puisqu' il  abandonne à 23 ans  la ville et l'université pour retourner à Sille, son village natal. Il y  mène une vie vouée aux petites gens et à l'écriture, avant de mourir de la tuberculose à l'âge de 29 ans.

Côtoyant les ouvriers, les paysans et les marchands  d'alcool ambulants, il prend conscience de la misère qui règne en milieu rural, situation aggravée par l'occupation japonaise.
Il fonde alors une école du soir pour permettre aux personnes analphabètes d'apprendre à lire et à écrire.

Auteur de 30 nouvelles et de 12 essais, il fut membre du groupe littéraire Guinhoe créé en 1933 et remporta  en 1935 deux concours de jeunes écrivains organisés par les journaux Chosun Ilbo et Joseon Joongang Ilbo.

Sources : Note de l'éditeur et  KBS World.

Une averse est un recueil de neuf nouvelles :
- Une averse
- Automne
- Les Camélias
- La Marmite
- C'est l'printemps !
- Ma femme
- Amour conjugal
- La Vagabonde
- Canicule

Un court lexique à la fin du recueil donne les définitions des quelques mots coréens figurant dans ces nouvelles.

Début du XXème siècle : Kim Yu-jong nous livre ici des scènes de la vie paysanne coréenne, où la misère quotidienne laisse peu de place à la tendresse. La discorde est au cœur de chacune de ses histoires, hommes et femmes passent leur temps à se déchirer. 
Avec  un sens de l'humour qui peut surprendre vu le contexte, mais parfaitement maîtrisé, l'auteur nous dépeint sans fard ni complaisance une réalité où la survie est un combat quotidien, avec toutes les dérives qui en découlent : criblés de dettes, les hommes se réfugient dans l'alcool et le jeu. Battues par leur mari, les femmes sont acculées à la prostitution (Une averse) ou sont vendues (Automne). À 16 ou 19 ans, elles n'ont la plupart du temps connu que la misère et sont exploitées par les hommes, que ce soit leur mari ou  leur propre père (C'est l'printemps).
Dans La Marmite, le mari dépouille peu à peu sa femme au profit d'une marchande d'alcool ambulante avec laquelle il espère s'enfuir.
Néanmoins les femmes ne sont pas toujours présentées en victimes. Certaines se montrent retorses et manipulatrices.

Mais il y a parfois des retournements de situation et l'arroseur se retrouve arrosé.


Le style est vivant et haut en couleur, l'auteur n'hésitant pas à parler cru mais sachant aussi décrire avec poésie et délicatesse.

La dernière nouvelle, Canicule, est un peu à part, et, racontée sans fioritures, elle est aussi tragique que bouleversante.

Un recueil édifiant qui mérite d'être lu.

En voici quelques extraits :

UNE AVERSE

Il faisait nuit noire. La pluie redoublait, frappant de tous les côtés les murs de leur misérable chambre. L'eau suintait à travers le sol en terre battue. Deux morceaux de natte étalés à même le sol leur servaient de couchage. Point de lampe : il faisait aussi noir qu'en enfer. Les puces, qui les assaillaient de toutes parts, s'en donnaient à cœur joie.
     Mais, habitués à dormir habillés, ils s'étaient couchés tranquillement, ne prêtant l'oreille qu'au chant incessant de la pluie. La pauvreté leur avait interdit toute affection. (Page 20)

     Elle n'ignorait nullement que son mari avait besoin, d'urgence,  de ces deux wons. Mais pour elle, par rapport aux quelques sous qu'elle parvenait à gagner, c'était une somme colossale. Au petit matin, dès qu'elle avait ouvert les yeux, elle prenait sa sacoche, et se précipitait avant tout le monde à la montagne pour cueillir ici ou là quelques plantes recherchées, comme la raiponce ou les racines de de todok. Chaussée de rustiques sandales de paille, elle grimpait sur les pentes escarpées et allait d'un rocher à l'autre. Elle suait à grosses gouttes, à croire que son frêle corps laissait s'écouler toutes les forces qu'il avait accumulées depuis la plus tendre enfance.
   Entravant sa marche, sa vieille jupe sans doublure lui collait aux reins et aux jambes. Les ronces écorchaient férocement ses mollets moites de sueur. Et cette lourde odeur qui montait de la terre l'oppressait. Pourtant, rien qui ressemblât à une plainte ne venait traverser l'esprit de cette jeune femme qui se démenait de son mieux pour survivre.  (Page 11)

      Chunho se tenait assis, la colère ne l'avait pas quitté.
     A Inje, son village natal, il n'avait eu que de mauvaises récoltes. Criblé de dettes, il avait vécu sous la menace de créanciers qui se faisaient chaque jour plus pressants.
      Voilà trois ans de ça, il avait décidé de s'enfuir, de nuit, abandonnant tout, meubles et maison. Démuni, il avait erré d'une vallée à l'autre à la recherche d'un endroit meilleur pour vivre, traînant sa jeune femme par le poignet. C'était ainsi qu'il était arrivé dans ce village. Mais c'était partout la même chose : dès qu'il posait la main sur un manche de pioche, que ce fût ici ou ailleurs, il ne se sentait pour elle aucune sympathie. Seules se précipitaient généreusement à sa rencontre la sombre inquiétude et la faim. Les gens n'auraient pas trouvé raisonnable de lui laisser le moindre lopin de terre. Personne ne voulait l'engager comme ouvrier agricole car il n'y avait pas assez de travail. Dans ces conditions il n'avait pas, bien entendu, de quoi se nourrir. De plus, il s'était mis à jouer - car le jeu faisait des ravages chez les paysans en même temps que la pauvreté gagnait dans les campagnes (Pages 18-19)


AUTOMNE
    

     Ce n'est qu'ensuite qu'il a pris sa bourse (elle était accrochée à la boutonnière de son gilet  et fermée par une vieille ficelle). Il en a tiré un paquet de billets d'un won, tout crasseux, et il les a comptés, en s'appliquant bien, du premier au dernier, puis du dernier au premier, et une nouvelle fois en tournant la liasse sens dessus dessous. Avant chaque opération, il se mouillait les doigts sur la langue. Ces billets déjà bien baveux, Pongman les a ensuite comptés à son tour en y ajoutant de sa salive. Pour qu'ils deviennent bien beaux, les billets de banque, il faut sans doute y mettre beaucoup de salive.
     Là, si j'ai touché un sou de commission, sans blague, je veux bien changer de nom.


J'ai lu ce recueil dans le cadre du challenge Petit BAC 2013 chez Enna, catégorie phénomène météo.




samedi 9 novembre 2013

Berlin (1)

La destination mystérieuse, c'était Berlin :-)


La première chose qu'on est allé voir sitôt les bagages posés est l' East Side Gallery (située Mühlenstraße). À cet endroit, une portion de mur de 1km300 a été conservée et elle a été peinte par  118 artistes.
Les peintures sont très diverses, bien que le thème du mur lui-même, ou de la paix, soient fréquemment illustrés.

Sur la fresque ci-dessous, on peut voir "une rose pour chacune des 136 victimes". 





Ci-dessus la Spree (rivière qui traverse Berlin) et l'Oberbaumbrücke.

De 1961 à 1989, sur une rive, Berlin Est, sur l'autre Berlin Ouest.
Pendant cette période, le pont était un poste frontière accessible seulement aux piétons munis d'autorisation.


La Spree se trouvait en intégralité en RDA.
6 personnes y périrent noyées en tentant de rejoindre Berlin Ouest à la nage, 5 autres furent abattues par les gardes.










L'inscription signifie  : Il reste beaucoup de murs à abattre

Endommagé par l'érosion et les graffitis, le mur a été rénové en 2009.




On trouve une autre portion du mur au Mémorial de Bernauer straße. On peut y voir les photos des hommes et des femmes ayant perdu la vie en tentant de franchir le mur.






On voit ici la largeur qui séparait les deux murs d'enceinte. Il faut imaginer en plus des barbelés, des miradors et des mines...






Berlin est une ville très agréable, aux avenues bordées d'arbres et de larges trottoirs, où piétons et vélos cohabitent sans problème. C'est une capitale paisible qui invite à la découvrir à pieds... le long des eaux tranquilles de la Spree, par exemple...






Au-delà de la porte de Brandebourg, 
à l'entrée du Parc de Tiergarten, 
se trouve le Palais du Reichstag où siège le Parlement de l'Allemagne fédérale depuis 1991.
Le palais a été rénové après la chute du mur.
C'est alors que fut construite la coupole de verre, pour remplacer l'ancien dôme détruit pendant la guerre et qui n'avait pas été remplacé.
Cette coupole est l'un des symboles de l'Allemagne réunifiée.




Bibiothèque Marie-Elisabeth Lüders

(Bibliothèque du Parlement Fédéral)




L'Oberbaumbrücke










jeudi 7 novembre 2013

L'amour, la mort, les fringues

Un clin d’œil à J'ai deux amours, mon sac et Paris présenté chez Keisha.




L'amour, la mort, les fringues est un spectacle (lecture théâtrale) qui s'est joué au théâtre Marigny en 2011 et qui s'ouvre ainsi :
Un jour  j'étais clouée au lit avec une sale migraine... je me suis souvenue d'une robe que je portais il y a longtemps, et puis d'une autre et encore d'une autre... J'ai essayé de les dessiner pour les faire renaître  de ma mémoire un peu plus précisément. Et tout-à-coup je me suis dit : C'est drôle, ces robes racontent toutes une histoire...

L'amour, la mort, les fringues est une comédie : le ton est léger, on sourit beaucoup, on rit franchement... mais pas seulement.  Au-delà de ce titre qui ne se prend pas du tout au sérieux , la garde-robe est  prétexte à une femme, Gigi,  pour revenir sur l'histoire de sa vie. De dessin en illustration, d'anecdote en souvenir, Gigi nous confie comment, pré-adolescente, elle a été si  fière de porter ses premiers bas, (qu'on donnait à l'époque à remailler) et la façon dont elle les a soutirés à sa mère (ça vaut le détour)... puis on rencontre Gigi jeune mariée et plus tard... plus jeune divorcée de France après Brigitte Bardot. On croise ses sœurs, ses copines, ses parents, on assiste à leurs espoirs, leurs bonheurs, leurs fous rires mais aussi leurs drames... Si certaines anecdotes nous font faire un bond dans le temps, d'autres sont résolument actuelles. En se remémorant ses parents, ses grands-parents, Gigi s'interroge sur les souvenirs  qu'elle laissera à ses propres enfants et petits enfants. 
Les dessins et leurs petites histoires réunis leur montreront ainsi d'autres facettes de la personnalité de cette femme :
Grâce à ces dessins j'ai pu raconter à mes enfants et à mes petits-enfants certaines choses que jamais je ne leur aurais  racontées. J'avais envie qu'ils sachent que j'avais été quelqu'un d'autre que juste leur maman, ou Gigi, leur grand-mère... que j'avais été une fille, que moi aussi j'avais eu des meilleures copines, qu'on avait fait les quatre cents coups ensemble... qu'on avait été bête, et drôles...et naïves !! [...] Bref, javais envie qu'ils aient de moi une image un peu plus déconneuse que l'image modèle que je m'étais acharnée à fabriquer pour eux.


Cette pièce s'est jouée au théâtre Marigny en 2011. Je ne l'ai pas trouvée  DVD mais elle est passée en juillet dernier sur France 2 : il s'agit d'un montage de différentes représentations (clic) car plusieurs troupes de 5 actrices  se sont succédées au fil des mois. Parmi elles Françoise Fabian, Alexandra Lamy, Sylvie Testud, Valérie Bonneton, Karine Viard et  la regrettée Bernadette Lafont.




Voici un extrait à propos des sacs à main :

Un soir j'ai essayé de me passer d'un sac.
Je me suis débrouillée avec un rouge à lèvres, un billet de 10 euros, une carte de crédit, et basta ! dans la poche de mon manteau !
Le lendemain, ça a dégénéré. J'ai rajouté mon mouchoir, mon poudrier, mon portable, j'avais rempli les deux poches. C'était foutu, j'avais transformé mon manteau en sac !
Bon, c'est tout de même mieux que de trimbaler un sac, parce que dès que tu tombes dans le piège du sac, tu ne t'en sors plus. Tu commences petit, puis tu y crois, tu te fixes des règles : 
- premièrement, l'ordre,
- deuxièmement, le minimum : le portefeuille, et un minimum de maquillage dans une toute petite pochette.
Normalement l'i-phone évite le carnet. Sauf que pas question de lâcher mon vieux carnet, il a cent ans, il est en miettes, élimé, illisible mais je l'aime et je ne m'en sépare jamais donc... la malédiction recommence : en quelques jours, en quelques minutes, ton sac s'est recyclé en poubelle de ta vie ! Le blush s'est effrité au fond, les pièces de monnaie sont tombées dans le blush. Les cartes de crédit, merde, elles sont où les cartes de crédit ? Ah, c'est pas vrai ! J'ai payé quoi ? Où ? Et ça c'est quoi ? Ah, un reçu de carte bleue ... Monoprix 2008 ??! Y'a aussi une bouteille d'eau cabossée à moitié vide et tiède, des biscuits écrasés - heureusement le sachet a tenu - ah, y'en avait un autre, merde, il a pas tenu ! Ah, humm, ooohh ... un vieux bout de fromage aplati dans son plastique, oui, oui, oui, rescapé d'un voyage en avion et  conservé en cas de fringale ! Ou d'un crash façon Lost où 350 passagers s'entre-tueraient sur une plage pour une bouchée de gruyère ! Bah voilà, bravo, tout ce que tu possèdes au monde est rentré dans ton sac. Ah, tu peux fuir les Cosaques, t'échouer sur une île déserte, grimper l'Everest, tu as tout ce qu'il te faut ! Mais attention ! Si tu 'ouvres ton sac, tu trouves ... rien. RIEN. Même pas le téléphone qui sonne ! Rien ! Tu fouilles dans un trou noir, hostile, rempli d'objets exaspérants, une calamité !
Alors c'est quoi la solution ?




mercredi 6 novembre 2013

La disparue du Père Lachaise - Claude Izner

Publié aux éditions 10/18 - Département d'Univers Poche, 2003, 301 pages.
Collection Grands Détectives.

Quatrième de couverture :
Paris, 1890. Quelle n'est pas la surprise de Victor Legris de voir débarquer Denise Le Louarn, la gouvernante de son ancienne maîtresse, Odette de Valois, dans sa librairie de la rue des Saints-Pères. La jeune femme est visiblement bouleversée. Elle lui apprend qu'Odette, devenue depuis peu adepte de ce spiritisme tant en vogue, a disparu à la suite d'un étrange rendez-vous au cimetière du Père-Lachaise. D'abord sceptique, Victor ne peut s'empêcher de s'interroger et le voilà donc lancé sur la piste de son ancienne maîtresse... À sa suite on découvre ce Paris où l'on entendait encore le bruit des sabots sur les pavés de bois et les cris des petits métiers, où les hommes portaient le haut-de-forme, les femmes le corset et où les mystères naissaient à chaque coin de rue...

A propos des auteurs (présentation 10/18):
Claude Izner est le pseudonyme de deux sœurs, Liliane Korb et Laurence Lefèvre. Liliane a longtemps exercé le métier de chef monteuse de cinéma, avant de se reconvertir bouquiniste sur les quais de Seine, qu'elle a quittés en 2004. Laurence a publié deux romans chez Calmann-Lévy en 1977 et 1979. Elle est bouquiniste sur les quais. Elles ont réalisé plusieurs courts-métrages et des spectacles audiovisuels. Elles écrivent ensemble et individuellement depuis de nombreuses années, tant pour la jeunesse que pour les adultes. Leur goût pour l'histoire et le polar leur a donné l'envie de créer un nouveau personnage pour "Grands Détectives", Victor Legris, libraire et enquêteur dans le Paris du XIXème siècle. Le premier titre de la série, Mystère rue des Saints-Pères, a reçu le prix Michel Lebrun en 2003.

J'ai trouvé une interview des auteurs lors de l'émission La grande librairie sur Babelio  (clic)

La disparue du Père-Lachaise est le second volet d'une série qui comprend à ce jour  onze romans policiers mettant en scène Victor Legris. Le 1er tome, Mystère rue des Saints-Pères, se déroule lors de l'exposition universelle de 1889. Victor Legris, la trentaine, passionné de photographie, tient, avec son père adoptif et associé, Kenji Mori, la librairie Elzévir, 18, rue des Saints-Pères à Paris. Ils emploient Joseph,  20 ans environ, passionné de romans, en particulier de romans policiers.
Ce jeune homme était une recrue précieuse. Il avait tout lu, se souvenait de tout, incollable quant au contenu des ouvrages et à leur date de publication, le chiffre de leur tirage, le nombre des éditions sur beau papier et même le nom de l'imprimeur. (extrait de Mystère rue des Saints-Pères)

Bien que Victor Legris soit libraire, les livres ne sont pas à l'origine des intrigues, comme c'était le cas dans La librairie Tanabe de Miyabe Myuki. La librairie occupe malgré tout une place de choix dans les romans.
J'ai aimé imaginer les devantures avec les titres de l'époque que Claude Izner nous décrit :

Au-delà des vitrines serties dans des boiseries vert bronze s'alignaient de grands cartonnages rouges, dorés sur tranche, ainsi que les plus récentes parutions, parmi lesquelles figuraient en bonne place le dernier livre d'Emile Zola, La Bête humaine, celui très controversé de Lucien Descaves, Sous-Offs, et un Shakespeare ouvert sur une sulfureuse illustration de sorcières. Un coin de la devanture était consacré à des romans dont Denise déchiffra les titres à mi-voix : L'Affaire Lerouge d'Emile Gaboriau, Les Exploits de Rocambole de Ponson du Terrail, Le Mystère d'Edwin Drood de Charles Dickens, La Bande à Fifi Vollard de Constant Guéroult, La Pierre de Lune de William Wilkie Collins. (La disparue du Père Lachaise p43)

A la mort de son mari, Odette de Valois s'est tournée vers le spiritisme. Elle disparaît après s'être rendue à un rendez-vous dans la chapelle abritant le caveau familial au cimetière du Père-Lachaise. Le père Moscou, un vieillard un peu loufoque, nostalgique de l'Empire, vit d'objets qu'il récupère ici et là et qu'il revend. Il se retrouve mêlé à l'histoire après qu'on ait dissimulé à son insu un cadavre au fond de sa carriole.

C'est une série que je lis avant tout pour son ambiance, l'atmosphère de ce Paris  fin XIXème.
Munissez-vous de bonnes chaussures et d'un plan  pour lire ce livre car on arpente sans relâche les rues de la capitale :-) : on suit le père Moscou du Père-Lachaise aux ruines de la Cour des comptes*, quai d'Orsay, où il "a installé son bivouac". Il revend ses "trésors" au Carreau du Temple ou rue de Pernelle après avoir longé les quais. Odette de Valois habite boulevard Haussmann, on repêche une malheureuse victime dans la Seine au Pont de Crimée.
Le roman est très bien documenté, on voit que les auteurs connaissent bien la capitale, et l'époque où elles ont situé leurs histoires.
Et, bonus que j'apprécie énormément, les livres sont dotés d'une postface historique d'environ 8 pages consacrée à l'année où se déroule le roman.

* La Cour des comptes siégeait au Palais d'Orsay, qui fut incendié  en 1871. A sa place sera construite la gare d'Orsay, inaugurée pour l'exposition universelle de 1900. Elle abrite aujourd'hui le musée d'Orsay.

J'ai trouvé des illustration du Palais d'Orsay après l'incendie, tel qu'il devait être en 1890, à l'époque du roman. (Photos Domaine Public, trouvées sur Wikipédia)



Ce roman rentre dans la cadre du challenge La Plume au Féminin chez Opaline et du Challenge XIXème siècle chez Fanny et Kheira.

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