vendredi 31 janvier 2014

Code 1879 - Dan Waddell

Titre original : The Blood Detective (2008)
Traduit de l'anglais par Jean-René Dastugue
Editions du Rouergue, collection Babel Noir, 2010, 361 pages

Quatrième de couverture :
Le cadavre d'un homme poignardé et amputé des deux mains vient d'être découvert, abandonné dans un cimetière de l'ouest londonien. Lors de l'autopsie, l'inspecteur Grant Foster remarque, gravée au couteau dans la peau de la victime, une inscription énigmatique pour l'interprétation de laquelle il fait appel à Nigel Barnes, généalogiste professionnel.
Alors qu'un deuxième corps est identifié comme étant l'œuvre du même assassin, leurs recherches vont les plonger dans les bas-fonds du Londres victorien et les conduire dans les méandres obscurs d'une affaire criminelle de la fin du XIXème siècle qui semble liée aux meurtres. Si leur intuition se confirme, d'autres victimes sont à redouter...
Atmosphère brumeuse, suspense et humour assurent la réussite de ce premier volet d'une série originale qui interroge le passé pour mieux démasquer les monstres de notre temps.

Ce roman policier avait de nombreux atouts pour me plaire et il ne m'a pas déçue.
Je pense que je ne surprendrai personne si je dis que le premier point qui m'a attirée est que l'enquête se déroule à Londres (et je trouve la couverture très réussie).  Grant Foster et sa coéquipière Heather Jenkins sont amenés à consulter le généalogiste Nigel Barnes pour faire des recherches sur une référence d'état civil. C'est ainsi qu'ils découvrent que l'affaire criminelle en cours semble reliée a une série de crimes commis en 1879.
L'idée d'adjoindre un  généalogiste à une enquête  est originale et ici le pari est réussi. L'ironie du sort est que Nigel Barnes ignore tout de ses propres origines (peut-être un point qui évoluera au fil des tomes ?). Les recherches de Nigel Barnes et les investigations du duo Grant Foster/Heather Jenkins font alterner l'époque victorienne et l'époque contemporaine, une idée que j'ai également trouvée originale et qui m'a séduite, tout comme j'ai aimé découvrir une petite partie de l'évolution du quartier de Notting Hill.
Les recherches de Nigel Barnes s'intègrent très bien au récit, entre deux épisodes "sur le terrain" (je craignais au départ des passages un peu fastidieux et "poussiéreux" mais il n'en est rien). J'ai aimé suivre Nigel Barnes dans l'ambiance feutrée des différents centres d'archives mais je n'aurais jamais la patience de faire son métier.
Une enquête riche en rebondissements, à laquelle j'ai accroché jusqu'au bout.
Et c'est avec plaisir que je me joindrai à la lecture commune du tome 2, Depuis le temps de vos pères, fin mars.

Lecture partagée avec Titine, Lou, Val, Sharon, Miss Leo   dans le cadre du Challenge British Mysteries
Shelbylee a lu le tome 2

Alex nous avait devancées ;-)
Les avis de Shelbylee , Dasola, Bianca concernant Code 1879

Lu dans le cadre des challenges British Mysteries chez Lou et Hilde,  I Love London chez Maggie et Titine, Challenge XIXème siècle chez Fanny et Challenge Victorien chez Arieste et Petit Bac 2014 chez Enna (catégorie Moment/Temps avec l'année 1879 dans le titre)




Cette lecture clôture mes participations à la première année du challenge British Mysteries (qui est renouvelé pour un an) avec 15 billets et 17 livres lus.
Merci à Lou et Hilde pour tous ces bons moments de lecture et ces découvertes.

Note : Cette enquête m'a donné envie de relire La 13ème marche de Ruth Rendell, où le personnage principal est obsédé par le tueur en série Jon Christie et le 10, Rillington Place.

mardi 28 janvier 2014

Le couteau sur la nuque - Agatha Christie

Titre original : Lord Edgware dies (1933)
Traduit de l'anglais par Louis Postif
Edité par  Librairie des Champs-Elysées, 1935, 189 pages


Quatrième de couverture :
Lady Edgware ne supporte pas la contradiction. Et son mari lui donne bien du souci. D'abord, il a un caractère impossible. Ensuite, il refuse de divorcer. Très ennuyeux... Car Lady Edgware a justement l'intention de se remarier. Que faire ? Mais charger Hercule Poirot de la débarrasser du gêneur, bien sûr ! N'est-il pas le plus grand spécialiste des affaires criminelles ? Lady Edgware aurait tendance à confondre tueur à gages et détective que Poirot n'en serait pas autrement surpris. Mais peu importe, après tout. Puisque le mari a fini par se résigner. Il vient d'avoir la bonne idée de mourir. Assassiné. Contrariant, lord Edgware ? Les femmes sont ingrates...


Il s'agit d'une enquête d'Hercule Poirot, racontée par son fidèle ami le capitaine Hastings. Lord Edgware n'est pas un personnage particulièrement sympathique, pas plus que son épouse l'actrice Jane Wilkinson, femme superficielle et dont le seul sujet d'intérêt est : elle-même.
Lorsque Lord Edgware est retrouvé assassiné d'un coup de couteau porté à la nuque, ce ne sont pas les suspects qui manquent : sa propre fille le détestait, il avait chassé son neveu trois ans plus tôt, une jeune actrice de talent ne le portait pas dans son cœur et jusqu'à une période toute récente, il était un regrettable obstacle aux  projets matrimoniaux de Lady Edgware. D'ailleurs celle-ci a été vue sur les lieux du crime, à Regent Gate... or, à la même heure, elle dînait en compagnie d'une douzaine de témoins chez Sir Montagu Corner, à Chiswick...
Une intrigue machiavélique, et une enquête menée par un Hercule Poirot fidèle à lui-même.

Lu dans le cadre des challenges British Mysteries, chez Lou et Hilde, I love London chez Maggie et Titine, La plume au féminin 2014 chez Opaline, Challenge Agatha Christie chez Georges et Petit Bac 2013 chez Enna (catégorie Partie du corps avec le mot NUQUE dans le titre).
Cette lecture clôture mes participations au challenge Petit Bac 2013. :-)



jeudi 23 janvier 2014

L'assassin habite au 21 - S.A. Steeman



Edité par la Librairie des Champs-Elysées, 1939 - 186 pages

Prologue

Le passant tomba sans un cri, absorbé par le brouillard avant d'avoir touché terre. Sa serviette de marocain fit floc en giflant le trottoir.
Mr Smith soupira. Il pensait : "Comme c'est facile ! Plus facile encore que la première fois !"
De fait, il n'avait pas éprouvé cette moiteur au creux des mains et ces tiraillements d'estomac qui, l'avant-veille, avaient ralenti son geste de mort.
Les réverbères, allumés depuis le matin, jalonnaient les rues de cocons lumineux, et les rares véhicules roulaient à pas d'homme. Des agents réglant la circulation on ne distinguait que les gants et le casque blanc, surmontant la tâche blême du visage. "Fameux temps pour les assassins !" ainsi que l'avait dit Mr Smith à Mrs Hobson en sortant de chez lui. (page5)
...
Sept victimes en deux mois et demi - sept crânes fracassés. Et l'assassin a signé tous ses meurtres en abandonnant un bristol sur les lieux : il s'appelle Smith...
Smith... La police londonienne est sur les dents, et les milliers de Smith de la capitale connaissent des moments difficiles. (Quatrième de couverture)

Jusqu'au jour où Toby Marsh, ex-pensionnaire des geôles de Sa Majesté, croise le chemin de la police et révèle comment il a découvert  l'adresse de l'assassin :

Ce soir-là, je traversai Soho Square quand deux hommes me passèrent littéralement sur les pieds. Il marchaient l'un derrière l'autre, mais le premier paraissait ignorer qu'il était suivi. On l'eût ignoré à moins ! Le second ne faisait pas plus de bruit qu'un spectre. 
-Un instant ! intervint Strickland. Avez-vous vu sa figure ?
Toby Marsh secoua la tête :
- Non, mon prince ! Il portait un long water-proof dont le col relevé lui dissimulait les bas du visage et le brouillard se chargeait de cacher le reste.
- Fort bien. Qu'est-il arrivé ensuite ?
- Je suis d'abord demeuré un moment sur place, comme un idiot. "Après tout, me disais-je, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que deux types suivent le même chemin et à ce que l'un d'eux porte des semelles de crêpe!" [...] A peine avais-je fait cinq ou six pas que j'entendis comme un bruit de chute, ce fameux bruit sourd, vous savez bien, si longuement décrit par le constable Alfred Burt. Du coup, je me sentis pousser des ailes !  [...] J'eus la chance de rattraper mon type au moment où il allait disparaître dans le brouillard. Par parenthèse, eussé-je conservé des doutes sur son identité que le cadavre étendu sur le sol me les eût ôtés...
Toby Marsh fit une courte pause pour jouir de son effet. Le sergent Guilfoil jurait entre ses dents et l'inspecteur Mordaunt écrivait avec une hâte fébrile.
- Mr Smith - puisqu'il faut le désigner par son nom - commença par suivre Charing Cross Road et Caroline Street. Il se retournait souvent, mais je le suivais d'assez loin pour que ma silhouette, à peine visible dans la brume, n'éveilla pas sa méfiance. [...] Enfin, comme nous arrivions à hauteur de l'Alexandra Hospital, je le perdis subitement de vue. "Bon, pensai-je en prenant mes jambes à mon cou, il n'a pu tourner que dans Russel Square ! "
- Et alors ? se hâta de placer Strickland.
- Alors, ça vaut-il deux mille livres, gov'nor ? triompha le narrateur. L'assassin habite au 21! (pages 21-22-23)

Après s'être fait ridiculiser pendant deux mois et demi par Mr Smith, le Yard touche peut-être enfin au but. Mr Smith est à portée de main. Londres, en proie à la panique, va pouvoir retrouver sa sérénité, l'enquête touche à sa fin... à moins que ce ne soit que le début. Car Toby Marsh a omis de signaler un petit détail ...

Strickland se sentit envahi par une étrange appréhension : 
- Vraiment ? grommela-t-il. Lequel ?
Toby Marsh se mit à rire :
- Je vous le donne en cent !... Le 21, Russell Square, est une pension de famille !

Mon avis :

S.A. Steeman était Belge, mais il règne indéniablement dans ces pages une atmosphère British. Complice du sinistre Mr Smith, le "fog" londonien,  enveloppant, confère au récit une atmosphère ouatée et inquiétante :  il absorbe les sons, avale les silhouettes qui disparaissent dans la brume ou surgissent à vos côtés sans que vous les ayez entendues arriver. 
La pension Victoria, dirigée de main de maître par Valérie Hobson, abrite des locataires de tempéraments divers et contrastés parmi lesquels un prestidigitateur excentrique, une publiciste énergique, un vendeur de radios plutôt veule, un couple dont le mari se laisse mener par le bout du nez par sa femme, une auteure de contes pour enfants plutôt effacée,  un Russe mystérieux et charismatique, un médecin révoqué - l'inquiétant Dr Hyde ;-) - et un major retraité et psychorigide, ancien officier des Indes, qui semble tout droit sorti d'un  roman d'Agatha Christie (Le major parlait trop, Cinq heures vingt-cinq, ou encore N ou M, une de mes enquêtes préférées qui se déroule aussi dans une pension de famille).
S.A. Steeman fait preuve dans son écriture de traits d'humour qu'un anglais ne renierait pas. Il s'amuse ici à balader le lecteur entre vrais et faux indices (au lecteur de faire le tri), tout comme Mr Smith balade la police londonienne. Par deux fois, il interpelle directement le lecteur... Smith, lui, téléphone directement à la police au Yard pour lui indiquer obligeamment où trouver le prochain cadavre.
Bref, l'auteur a l'esprit ludique et, même s'il émane du roman une atmosphère un peu désuète, il tient l'attention du lecteur en éveil jusqu'au dénouement.
A déguster au coin du feu, par temps brumeux ou pluvieux, avec une bonne tasse de thé fumant (ou un verre de Whisky ;-) à la main.


S.A. Steeman

Lecture commune avec  Purple Velvet

Lu dans le cadre des challenges British Mysteries chez Lou et Hilde, I love London chez Maggie et Titine  et Petit Bac 2013 chez Enna (catégorie chiffre/nombre avec 21 dans le titre)







dimanche 19 janvier 2014

Le Journal d'une femme de chambre - Octave Mirbeau



Edition Le livre de poche, collection Classiques, 480 pages
Edition préfacée et annotée par Pierre Glaudes


Le Journal d'une femme de chambre est disponible gratuitement en version audio et en version texte sur le site Littérature audio.com (pratique pour lire ou écouter le début... et plus si affinités...)

A propos de l'auteur tout d'abord :

Né en 1848 en Normandie, Octave Mirbeau a vécu en Bretagne et à Paris, où il est décédé en 1917.
D'abord journaliste, puis romancier et dramaturge, on lui doit divers romans réalistes dont Le Calvaire (1886), Le Jardin des Supplices (1898), Le Journal d'une femme de chambre (1900).


Littérairement incorrect, il était inclassable, il faisait fi des étiquettes, des théories et des écoles, et il étendait à tous les genres littéraires sa contestation radicale des institutions culturelles ; également politiquement incorrect, farouchement individualiste et libertaire, il incarnait une figure d'intellectuel critique, potentiellement subversif et "irrécupérable", selon l'expression de Jean-Paul Sartre dans Les mains sales." (source : Wikipédia)

Le Journal d'une femme de chambre a d'abord été publié sous forme de feuilleton dans l'Echo de Paris du 20 octobre 1891 au 26 avril 1892, puis dès le 15 janvier 1900 dans La Revue blanche, avant d'être édité en juillet 1900 aux éditions Fasquelle. 

En préface, une note de l'auteur indique que Le journal d'une femme de chambre a réellement été écrit par Melle Célestine R..., femme de chambre mais il s'agit d'un subterfuge d'Octave Mirbeau, qui est bien l'auteur réel de ce journal.

L'histoire :

NB : Comme j'ai sélectionné beaucoup d'extraits, j'en ai numéroté la plupart,  je les ai regroupés à la fin du billet et j'ai opté pour un système de renvois.

La version parue en juillet 1900 aux éditions Fasquelle est une édition remaniée. "La société française est alors divisée par l'Affaire Dreyfus et Mirbeau ne se prive pas pour en découdre au passage avec la France antidreyfusarde" (préface) et dénoncer une société fortement antisémite. 


Le journal est écrit par Célestine, accorte femme de chambre ayant quitté Paris pour la Normandie où elle espère se reposer de la vie agitée et des fatigues de la capitale. 
Pendant deux mois, Célestine écrit régulièrement dans son journal. L'année n'est pas précisée mais des événements cités laissent penser que ce pourrait être en 1898.  Ce journal  s'ouvre le 14 septembre,  alors que Célestine  vient de prendre ses nouvelles fonctions au Prieuré, en Normandie, auprès des Lanlaire, un couple de riches propriétaires terriens.

 Célestine, qui n'a ni les yeux ni la langue dans sa poche,  y raconte sa vie quotidienne, mais   laisse aussi  parler ses souvenirs et nous évoque sa vie alors qu'elle servait auprès de familles de la bourgeoisie parisienne.
C'est donc  au moins cinq ans de sa vie de domestique qu'elle nous raconte ainsi, par fragments. Elle nous dépeint  d'une plume trempée dans le vitriol toute  une galerie de portraits où l'on découvre la condition des domestiques  tout en se livrant à une satire féroce des mœurs bourgeoises de la Belle-Epoque : "Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens".

Au Prieuré, Célestine déchante rapidement. Ses nouveaux maîtres  sont riches, mais d'une fortune leur qui vient par héritages, d'un banquier véreux pour l'un et du commerce d'êtres humains pour l'autre (voir Extrait n°1 à la fin du billet).
Le ménage ne va pas, Monsieur n'est rien dans la maison, c'est Madame qui est tout, Monsieur tremble devant Madame, comme un petit enfant... Madame est avare, si bien que l'intérieur du Prieuré est vieillot, sans chic et sans confort, et que l'office n'est pas gai, la domesticité étant réduite à une cuisinière qui grinche tout le temps (Marianne) et un jardinier-cocher qui ne dit jamais un mot (Jospeh).

Célestine s'adapte à son nouvel environnement tout en regrettant les riches intérieurs parisiens, plus
modernes, et les belles toilettes et les jolis accessoires de beauté de ses anciennes maîtresses. Elle regrette aussi les papotages à l'office, où le valet leur faisait souvent la lecture...
Au Mesnil-Roy, elle découvre bientôt que son Maître et leur voisin , le capitaine Mauger, se détestent farouchement et entretiennent cette haine par des coups bas à répétitions.
De plus, Madame n'est guère "portée" sur la chose... Monsieur, lui... Je parie qu'il est porté sur la chose, lui... J'ai vu cela tout de suite, à son nez mobile, flaireur, sensuel, à ses yeux extrêmement brillants, doux en même temps que rigolos... Célestine aguichera quelques temps le mari frustré, envisagera d'avoir une liaison avec lui -la jubilation extrême étant de se venger ainsi de sa Maîtresse - avant de le délaisser pour sa lâcheté et de tomber sous l'emprise de Joseph...Une attirance malsaine puisqu'elle a constaté sa cruauté envers les animaux et qu'elle le soupçonne du viol et du meurtre d'une adolescente des environs :
Joseph a pris possession de ma pensée. Il la retient, il la captive, il l'obsède... Il me trouble, m'enchante et me fait peur tour à tour. Certes il est laid, brutalement, horriblement laid mais [...] cette laideur a quelque chose de formidable qui est presque de la beauté, qui est plus que la beauté.[...] Je ne me dissimule pas la difficulté de vivre, mariée ou non, avec un tel homme dont il m'est permis de tout soupçonner et dont, en réalité, je ne connais rien... Et c'est ce qui m'attire vers lui avec la violence d'un vertige...Au moins, celui-là est-il capable de beaucoup de choses dans le crime, peut-être, et peut-être aussi dans le bien... [...] Outre cet attrait de l'inconnu et du mystère, il exerce sur moi ce charme âpre, puissant, dominateur de la force. Et ce charme- oui, ce charme- agit de plus en plus sur mes nerfs, conquiert ma chair passive et soumise. Près de Joseph, mes sens bouillonnent, s'exaltent, comme ils ne se sont jamais exaltés au contact d'un autre mâle.

On voit que Célestine est un personnage ambigu et que les domestiques ne sont pas présentés que comme des victimes. Pour peu qu'ils aient l'occasion de s'élever en étant engagés dans une famille plus riche ou plus en vue, les anciennes amitiés sont vites oubliées. Ils ont des idées très arrêtées sur la façon dont leurs maîtres doivent tenir leur rang et peuvent se montrer manipulateurs et exploiter le système si l'occasion se présente.

Octave Mirbeau voulait publier un roman "destiné à produire l'effet d'une bombe" (page 8) car, selon lui, "le scandale est le seul moyen de forcer les consciences à s'éveiller" (page 8).

Mon avis :


Ce livre est une peinture sociale qui m'a vivement intéressée, aussi bien pour la description de lacondition de vie des domestiques que pour la satire des mœurs de la société de la Belle-Epoque. 
De part ses fonctions, un domestique se trouve en contact avec différents milieux sociaux : ses pairs, ses maîtres, les commerçants, les bureaux de placement, etc... Au travers de ses expériences, Célestine nous dépeint donc toute une série de personnages et de situations où les turpitudes en tous genres côtoient le ridicule.
A Paris comme en province, la bourgeoisie, intransigeante sur la moralité de ses domestiques, offre une hypocrite façade de vertu derrière laquelle perversité et escroqueries cohabitent avec la débauche. 
La précarité des emplois, l' humiliation et l'exploitation des domestiques par leurs maîtres (extraits 2 - 3 - 4), mais d'une façon générale des plus pauvres par les plus riches, sont des thèmes qui reviennent de façon récurrente dans ce livre. ( 5 )
Malgré des tentatives de révolte, il n'a que peu de recours. (6) 
Dans ce marasme social, le domestique devient un être à part, une sorte d'apatride social... (7). 

Si la perversité et l'exploitation incessante des uns par les autres, rend, par moments, l'atmosphère du récit  pesante, l'ironie mordante de l'auteur et le ridicule de certaines situations prête à sourire.
C'est une lecture que je recommande, en particulier à qui s'intéresse à cette période de la fin du XIXème - début du XXème.

Illustrations :
1 - Soubrette au perroquet - Joseph Caraud
2 - Femme de chambre -Joseph Caraud
3-  The chambermaid - Thomas Rowlandson

L'illustration en couverture du livre est un détail du Retour de bal d'Alfred Roll (1886)

EXTRAITS

(1) Le père de Madame, lui, c'est bien pire, quoiqu'il n'ait pas été condamné à la prison et qu'il ait quitté cette vie , respecté de toutes les honnêtes gens. La mercière m'a expliqué que, sous Napoléon III, tout le monde n'étant pas soldat comme aujourd'hui, les jeunes gens riches "tombés au sort" avaient le droit de "se racheter du service". Ils s'adressaient à une agence ou à un Monsieur, qui, moyennant une prime de mille à deux mille francs, selon les risques du moment, leur trouvait un pauvre diable, lequel consentait à les remplacer au régiment pendant sept années, et, en cas de guerre, à mourir pour eux (pages 95-96)

(2) Aujourd'hui, 14 septembre, à trois heures de l'après-midi, par un temps doux, gris et pluvieux, je suis entrée dans ma nouvelle place. C'est la douzième en deux ans. Bien entendu, je ne parle pas des places que j'ai faites durant les années précédentes. il me serait impossible de les compter. Ah ! je puis me vanter que j'en ai vu des intérieurs et des visages, et de sales âmes... Et ça n'est pas fini... A la façon, vraiment extraordinaire, vertigineuse, dont j'ai roulé, ici et là, successivement, de maisons en bureaux et de bureaux en maisons, du Bois de Boulogne à la Bastille, de l'Observatoire à Montmartre, des Ternes aux Gobelins, partout, sans pouvoir me fixer nulle part, faut-il que les maîtres soient difficiles à servir maintenant!... C'est à ne pas croire. (page 66)

(3) Madame me dit :
"Célestine, n'est-ce pas ?... Ah, je n'aime pas du tout ce nom... je vous appellerais Mary, en anglais... Mary, vous vous souviendrez ?... Mary... oui... C'est plus convenable..."
C'est dans l'ordre... Nous autres, nous n'avons même pas le droit d'avoir un nom à nous... parce qu'il y a, dans toutes les maisons, des filles, des cousines, des chiennes, des perruches qui portent le même nom que nous. (page 267)

(4) L'expérience d'une amie de Célestine, Cléclé, qui avait servi chez un magistrat à Versailles :
- Figure-toi qu'il n'y avait que des bêtes dans la turne... des chats, trois perroquets... un singe...deux chiens...Et il fallait soigner tout ça... Rien n'était assez bon pour eux... Nous, tu penses, on nous collait de vieux rogatons, kif-kif à la boite... Eux c'étaient des restes de volailles, des crèmes, des gâteaux, de l'eau d'Evian , ma chère ! Oui, elles ne buvaient que de l'eau d' Evian, les sales bêtes, à cause de la typhoïde dont il y avait une épidémie à Versailles...
Cet hiver, Madame eut le toupet d'enlever le poêle de ma chambre pour l'installer dans la pièce où couchaient le singe et les chats... (pages 342-343)


(5) Ah, les bureaux de placement, en voilà un sale truc... D'abord il faut donner dix sous pour se faire inscrire ; ensuite, au petit bonheur des mauvaises places... Dans ces affreuses baraques, ce ne sont pas les mauvaises places qui manquent, et, vrai ! On a que l'embarras du choix entre les vaches borgnes et les vaches aveugles... [...] Si après des discussions humiliantes et de plus humiliants marchandages, vous parvenez à vous arranger avec une de ces bourgeoises rapaces, vous devez à la placeuse trois pour cents sur toute une année de gages... Tant pis, par exemple, si vous ne restez que dix jours dans la place qu'elle vous a procurée... Cela ne la regarde pas... Son compte est bon, et la commission entière est exigée. Ah ! Elles connaissent le truc ; elles savent où elles vous envoient, et que vous leur reviendrez bientôt... Ainsi, moi, j'ai fait sept places en quatre mois et demi... Une série à la noire... des maisons impossibles, pires que des bagnes. Eh bien, j'ai du payer au bureau trois pour cent, sur sept année, c'est-à-dire, en comprenant les dix sous renouvelés à l'inscription, plus de quatre-dix-francs... Et il n'y avait rien de fait, tout était à recommencer !...  (page 371-372)

(6) Célestine, victime de patrons qui l'ont congédiée sans lui payer ses huit jours réglementaires, va trouver un commissaire de police,  puis un juge de paix :
-Vous êtes tous des voleurs... criai-je... vous êtes tous des maquereaux !...
Et je m'en allai, en les menaçant du commissaire de police et du juge de paix... [...]
Hélas, le commissaire de police prétendit que cela ne le regardait pas. Le juge de paix m'engagea à étouffer l'affaire. Il expliqua :
- D'abord, mademoiselle, on ne vous croira pas... Et c'est juste, remarquez bien... Que deviendrait la société si un domestique pouvait avoir raison d'un maître ?... Il n'y aurait plus de société, Mademoiselle... ce serait l'anarchie... (page 334)


(7) Un domestique, ce n'est pas un être normal, un être social... C'est quelqu'un de disparate, fabriqué de pièces et de morceaux qui ne peuvent s'ajuster l'un dans l'autre, se juxtaposer l'un à l'autre... C'est quelque chose de pire : un monstrueux hybrides humain... Il n'est plus du peuple, d'où il sort; il n'est pas, non plus, de la bourgeoisie où il vit et où il tend... Du peuple qui l'a renié, il a perdu le sang généreux et la force naïve... De la bourgeoisie, il a gagné les vices honteux, sans avoir pu acquérir les moyens de les satisfaire... et les sentiments vils, les lâches peurs, les criminels appétits, sans le décor, et par conséquent, sans l'excuse de la richesse... (page 235)


J'ai lu ce livre dans le cadre du Challenge XIXème siècle et du challenge Petit Bac 2013, catégorie objet avec le mot JOURNAL dans le titre





mercredi 15 janvier 2014

Lézard - Banana Yoshimoto

Titre original : Tokage (1993)
Nouvelles traduites du japonais par Dominique Palmé et Kyôko Satô.
Editions Rivages poche, 2001, 130 pages


Lézard est un recueil de six nouvelles :
- Les jeunes mariés
- Lézard
- La spirale
- Rêve de kimchi
- Du sang et de l'eau
- Histoire curieuse des bords de la rivière

J'aime beaucoup Banana Yoshimoto, dont j'ai déjà lu Kitchen et N.P. (non chroniqué). Elle a une écriture douce et délicate. On sent dans ses personnages une faille, un manque... Ils sont souvent un peu "paumés",  ou ils ont un petit grain de folie, une touche d'excentricité, qui attire ma sympathie. Sans doute aussi les questionnements de l'auteure (la mort, la solitude, la fuite inexorable du temps) trouvent-ils écho en moi. Son écriture n'est pas triste du tout mais elle est souvent voilée d'un peu de mélancolie.

Avec Lézard, elle nous livre ici, avec parfois une incursion dans le surnaturel,  de petites tranches de vie de trois hommes et trois femmes, à Tôkyô. La narration se fait à chaque fois à la première personne. L'âge n'est pas toujours précisé mais  les deux premiers protagonistes ont à peine trente ans et il peut en être de même pour les autres (l'âge de Banana Yoshimoto lorsque ces nouvelles ont été publiées).

Ces personnages sont tous parvenus à un moment charnière de leur existence. Ils souffrent d'un manque, sont un peu perdus ou portent en eux le poids d'un passé proche ou d'un traumatisme d'enfance  qui refait surface et doivent le surmonter pour avancer... car de toutes façons ils n'ont pas le choix, on ne peut pas inverser le cours du temps ni revenir en arrière. Le train (Les jeunes mariés), la rivière (Histoire curieuse des bords de la rivière) deviennent le symbole de la fuite du temps (ou de la fuite tout court)

Ces nouvelles concernent aussi toutes le couple : il est question de mariages, de séparations, de la difficulté de vivre à deux et des questionnements qui peuvent survenir.
Le thème de la solitude, abordé dans ces récits, est celui de la solitude inhérente à l'être humain (le fait de se sentir rejeté, incompris, en décalage vis-à-vis des autres) et de sa place parmi les autres...

Rencontres, brèves retrouvailles avec leur passé, aideront nos protagonistes à aller de l'avant, à parvenir à l'acceptation et l'apaisement.

J'ai apprécié que le dernier mot du recueil soit "espoir". :-)


Cette lecture entre dans le cadre du challenge Petit Bac 2013, catégorie animaux, avec le mot Lézard.





jeudi 9 janvier 2014

Histoires de fantômes - Un chant de Noël et autres récits - Charles Dickens

Edité par L'école des loisirs, collection Classiques, 2009, 223 pages.

Ce recueil comprend les récits suivants :
- Un conte de Noël - Traduction de Melle de Saint-Romain et M. de Goy. Version condensée réalisée par Charles Dickens pour ses lectures publiques.
- Le locataire et le fantôme - Traduction de Pierre Grollier
- Le fauteuil hanté - Traduction de Pierre Grollier
- Manuscrit d'un fou - Traduction de Pierre Grollier
- Histoire du sacristain emporté par les goblins - Traducteur inconnu
- Le baron de Grogzwig - Traducteur inconnu
- L'histoire de la femme de journée - traduction d'Amédée Pichot
- Le treizième juré ou le procès pour crime - Traduction de Marie-Hélène Sabard
- L'aiguilleur - Traduction de Marie-Hélène Sabard

Un Chant de Noël était une lecture commune dans le cadre du Challenge de Noël. J'ai pris plaisir à la lecture de cet incontournable de la littérature anglaise : Scrooge, un vieillard avare et misanthrope, reçoit, la nuit de Noël, la visite du fantôme de son ancien associé Jacob Marley, puis celle des fantômes des Noël passés, présent et futur... Ces fantômes l'emmènent tout d'abord dans son passé, où il se revoit, jeune apprenti joyeux, avant que l'avarice ne lui ronge l'âme, puis, au présent chez la famille de Bob Cratchit (son employé) et chez son neveu, où il règne un esprit de fête et de générosité, bien que la famille Cratchit soit pauvre et que l'un de ses enfants, Tiny Tim, soit malade. L'esprit des Noël futurs, enfin, lui montre la fin pitoyable qui l'attend s'il ne se remet pas en question.
Ce conte incarne l'esprit de Noël : la bienveillance, le pardon, la générosité. Charles Dickens l'a écrit en 1843, pendant les années de famine.  Il avait été très marqué par l'exploitation des enfants et la pauvreté extrême d'une partie de la population.

La préface, de Marie-Hélène Sabard, est intéressante.

Un Chant de Noël est une lecture commune avec Les femmes qui lisent sont dangereuses, Chick Poo,  Tiphanya, Même les sorcières lisent, Mélodie, Touloulou,  Thomas,

Lou a lu les Contes d'Andersen, Sharon a lu Douze Minutes avant minuit de Edge



Les autres histoires de fantômes de ce livre ne se déroulent pas à Noël, bien que certaines aient été publiées à cette période,  et elles m'ont laissé des souvenirs assez inégaux.

Ma préférée est sans conteste L'aiguilleur, que j'avais déjà lue dans le recueil Histoires fantastiques anglaises sous le titre : Le signaleur. Près du tunnel d'une voie ferrée encaissée au fond d'une tranchée lugubre, un aiguilleur de chemin de fer reçoit à plusieurs reprise la visite inquiétante d'un spectre qui semble vouloir l'avertir d'un danger. L'environnement est lugubre et l'atmosphère oppressante.
Cette histoire est disponible ici :
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/dickens-charles-le-signaleur.html

J'ai bien aimé Le fauteuil hanté. Par une soirée d'hiver, le héros, Tom Smart, fait halte dans une auberge, où il tombe rapidement sous le charme de la  propriétaire des lieux :
Une veuve appétissante était assise pour prendre le thé, à la plus jolie petite table possible, près du plus brillant petit feu imaginable, et cette veuve, qui avait à peine quarante-huit ans et dont le visage était aussi confortable que le comptoir, était évidemment la dame et la maîtresse de l'auberge, l'autocrate suprême de toutes ces agréables possessions. Malheureusement il y avait une vilaine ombre à ce charmant tableau : c'était un grand homme, un homme très grand, en habit brun à énormes boutons de métal, avec des moustaches noires et des cheveux noirs bouclés. Il prenait le thé à côté de la veuve et, comme on pouvait le deviner sans beaucoup de sagacité, il était en beau chemin de prendre la veuve elle-même, en la persuadant de confier à Sa Grandeur le privilège de s'asseoir derrière ce comptoir, et à perpétuité.
Le fantôme de cette histoire n'inspire guère de frayeur mais la plume de Dickens est savoureuse et tout comme dans La femme de journée, si la tension n'est pas omniprésente, je me suis néanmoins laissée emporter par les talents de conteur de l'auteur.

Dans Le treizième juré, lors d'un procès pour meurtre, le fantôme de la victime apparaît régulièrement parmi les jurés.

En revanche je n'ai guère accroché à L'histoire du sacristain enlevé par les goblins ni à celle du Baron de Grogzwig.

Le vendredi 13 décembre, dans le cadre du Challenge de Noël,  les fantômes étaient à l'honneur chez : Les femmes qui lisent sont dangereuses, Chicky Poo, Syl, Tehri Schram, Rosemonde, Petit_Speculoos,  Même les sorcières lisent.

Recueil lu dans le cadre du Challenge de Noël chez Petit-Speculoos, Chiky Poo et Samarian,  du Challenge XIXème siècle chez Fanny et Des contes à rendre chez Coccinelle.


mardi 7 janvier 2014

Meilleurs Vœux à tous !

Je vous souhaite à tous une excellente année 2014.
Je suis allée en Alsace en toute fin d'année et je vous présente mes vœux avec quelques photos souvenirs qui prolongent un peu la magie de cette période.

Les premières photos sont celles de Ribauvillé. Lorsque nous sommes arrivés en Alsace, le 28 décembre, le marché de Noël de Ribauvillé était terminé, tout comme à Kaysersberg et Riquewihr. Dommage car Ribauvillé est une cité médiévale et pour l'occasion on peut voir des personnes en costume d'époque (une autre fois peut-être ^^).

Mais les villes restent bien sûr décorées toute la période des fêtes, et c'est tout simplement féerique.








Des vitrines gourmandes 

Strasbourg


Riquewihr





Kaysersberg



Une véritable oeuvre d'art : un village de Noël en pain d'épices. (Colmar)



Un Irish Pub couleur locale :-) (Colmar)


Strasbourg (2005)


Colmar




Pour finir quelques photos de 2005, où nous avions eu un peu de neige


Kaysersberg




Colmar de nuit (2013)


Sélestat





lundi 6 janvier 2014

L'incendiaire de Highgate - Anne Perry

Titre original : Highgate Rise (1991)
Traduit de l'anglais par Anne-Marie Carrière
Editions 10/18, Collection Grands Détectives, 2002 pour la traduction française, 380 pages

Quatrième de couverture :
Le paisible quartier de Highgate a été le théâtre d'un pénible incendie qui a coûté la vie à Clemency Shaw, l'épouse d'un médecin reconnu. L'inspecteur Thomas Pitt et sa femme, Charlotte, auront à déterminer s'il s'agit là d'un simple accident ou d'un acte criminel. Méthodiquement, le célèbre duo de détectives tente de tracer un portrait du couple afin de rendre justice.

Une aventure qui voit le retour d'Emily (absente du tome précédent car elle était en voyage en Europe) et la participation de Gracie, l'employée des Pitt, à l'enquête. J'espère que l'auteure la fera intervenir à nouveau, j'aime beaucoup son personnage.
Nos enquêteurs sont face à plusieurs hypothèses, certaines paraissant plus plausibles que d'autres, et si la révélation finale n'est pas très surprenante (la "révélation" arrive plutôt au cours du roman), je trouve que l'enquête dans les taudis de Londres est intéressante. Nous sommes face à différents caractères bien trempés et les tensions entre eux sont multiples. Anne Perry dépeint à son habitude la société victorienne, sa rigidité, son égoïsme et son hypocrisie, une société où l'aristocratie méprise les commerçants alors que la fortune de certains provient de l'exploitation de la pauvreté.
Une aventure qui m'a bien plu.

Lecture partagée avec Bianca, Fanny, Sybille, Céline, Claire

Rendez-vous le 3 février avec Belgrave Square


Je profite de ce premier billet de l'année pour vous présenter tous mes vœux pour 2014, je ferai un billet spécial demain ou mercredi.




L'incendiaire de Highgate entre dans le cadre du challenge British Mysteries (Lou et Hilde), du Challenge Victorien (Arieste), du Challenge XIXème siècle (Fanny et Kheidra), du challenge La plume au féminin (Opaline) et du challenge I love London chez Maggie et Titine.

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