lundi 30 juin 2014

Le portrait de Mr W.H. - Oscar Wilde

Titre original : The portrait of Mr W.H. (1889)
Traduit de l'anglais et annoté par Jean Gattégno
Editions Gallimard, 1996, 143 pages

Quatrième de couverture :
Qui se cache derrière les initiales W.H. dans la dédicace des célèbres Sonnets de William Shakespeare ? Un généreux mécène, un ami imprimeur, un jeune et séduisant acteur ou Shakespeare lui-même ? Pour Oscar Wilde, c'est sans aucun doute Willie Hugues, un acteur spécialisé dans les rôles féminins qui fascina le Barde...

Passionné par le mystère de Mr W.H., Oscar Wilde se lance dans une enquête érudite et troublante sur le monde du théâtre élisabéthain.




Diverses hypothèses ont été avancées quant à l'identité de ce mystérieux W.H. auquel William Shakespeare a dédicacé ses Sonnets, parmi lesquelles Lord Pembroke (William Herbert), mécène de plusieurs poètes, Lord Southampton (Henry Wriothesley), protecteur de Shakespeare, William Hathaway, son beau-frère ...

Dans cet essai romancé, Oscar Wilde avance une nouvelle hypothèse : William Shakespeare aurait adressé ces poèmes plein d'une étrange passion (p21) à William Hugues, un acteur spécialisé dans les rôles féminins à une époque où la pratique du théâtre était réservée aux hommes et qui  aurait fait partie de la troupe de Shakespeare avant de la quitter pour celle de Christopher Marlowe.

Par le biais d'une fiction racontée à la première personne, (Oscar Wilde se met-il en scène lui-même ? Rien ne le dit mais rien ne dit le contraire :-) ) l'auteur analyse les Sonnets, appuyant sa théorie sur de nombreux extraits sur lesquels il jette une lumière nouvelle, tout en infirmant, arguments à l'appui, les hypothèses précédemment admises.

Cette exploration des coulisses du théâtre élisabéthain m'a vivement intéressée, avec  le plaisir de voir les poèmes de Shakespeare éclairés par la plume d'Oscar Wilde. Notons tout de même que le point de départ de l'histoire est une discussion sur les faux littéraires et qu'il est question d'un jeune homme qui aurait sur une certaine oeuvre une théorie insolite, aurait foi en sa théorie et commettrait un faux pour la prouver. (p12) (sourire)
Pour Oscar Wilde, l'art se doit indépendant de la morale et l'esthétique est supérieure à l'éthique. (Le Critique comme artiste - 1891)

Il est d'ailleurs beaucoup question de faux dans ce récit, que l'on parle de la scène et ses artifices, sa vie irréelle faite de visages peints et de déguisements (p47), ou du manque de sincérité et de trahison : La nymphe trahie nous parle de la "flamme fallacieuse" qui éclaire la joue de son amant, de l'"artificieux tonnerre" de ses soupirs, de sa "passion contrefaite". (p67) mais aussi de beauté physique, à laquelle à Oscar Wilde était si sensible.
Il [Cyril Graham, le faussaire] attachait toujours une importance absurde à l'aspect extérieur des gens, et il lui arriva de prononcer un discours à la Société des débats pour prouver qu'il valait mieux être beau que bon. (p19)

Une belle découverte pour laquelle je remercie Maggie.


Les fleurs écarlates de la passion elle-même semblent pousser dans la même prairie que les pavots de l'oubli. (p42)

Il est toujours stupide de donner des conseils, mais donner un bon conseil est criminel. (p20)


Le mois anglais chez Chryssilda, Titine, et Lou



Challenge XIXème siècle chez Fanny, Challenge Victorien chez Arieste, Challenge I Love London chez Maggie et  Titine et Petit Bac 2014 chez Enna (catégorie objet avec le mot PORTRAIT dans le titre)



7 commentaires:

  1. Je n'ai jamais lu d'Oscar Wilde. Je crois que j'ai le Portrait de Dorian Gray qui m'attend quelque part, mais je ne m'y suis pas encore plongée dedans. C'est un auteur que j'ai envie de découvrir, il faudra que je me décide un jour ^^

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  2. J'aime beaucoup le style de Wilde tout en paradoxe et phrase qui sonne bien !

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  3. Après le portrait de Dorian Gray.....

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  4. Sympa, je le note... En plus, j'avais étudié "les sonnets" à la fac, ça me rappellera des souvenirs ! :-)

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  5. J'adore l'idée :-) j'aime la plume d'Oscar (même si j'ai été critique avec son Dorian) :-)

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  6. J'ai aimé mais j'avais trouvé ça un peu difficile à lire par moments. Je pense que je m,attendais à autre chose, même si j'en ai un bon souvenir.

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  7. Tiens c'est marrant, j'ai commencé par mal lire, et par me dire "Ah, Soie avait lu le Portrait de Dorian Gray (de Wilde) avant La peau de chagrin (de Balzac), c'est tout à fait logique puisque les deux thèmes sont un peu similaires...", hé bien non!
    Je ne connaissais même pas l'existence de ce "portrait de Mr W H"...

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