jeudi 6 juin 2013

Trois souris - Agatha Christie

Trois souris - Agatha Christie
Titre original : Three blind mice and other stories
Traduit de l'anglais par Maurice-Bernard Endrèbe

Editeur : Librairie des Champs Elysées, collection Le Livre de Poche, 1985 pour la traduction française.
190 pages

Quatrième de couverture

Dans l'obscurité d'une maison endormie, un cri déchire le silence... Un crime vient d'être commis...

Ainsi se lève le rideau sur l'un des plus grands succès de la scène internationale, La Souricière, succès qui a tenu l'affiche sans interruption depuis plus de trente ans. Adapté par Agatha Christie d'une nouvelle écrite en 1949, jouée pour la première fois à Londres en 1952, cette mésaventure de trois petites souris porte la marque de son auteur : humour et suspense sont au rendez-vous.

Et comme tous les grands maîtres du suspense, Agatha Christie préférait que ses spectateurs ignorent la clef de l'énigme avant de pénétrer dans le théâtre... Le secret fut bien gardé, puisque c'est en 1985 seulement que ce texte "interdit" fut enfin publié...

Ce recueil comprend également :  Meurtre sur mesure, Une perle, Malédiction, L'appartement du troisième, L'enlèvement de Johnny Waverly


Mon avis :

Contrairement au titre anglais, le titre en français ne mentionne pas qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles. C'est simplement précisé au bas de la quatrième de couverture.

Bien que La Souricière soit une pièce de théâtre, Trois souris est une nouvelle, comme indiqué dans le texte de présentation au dos de l'ouvrage.

Les photos ont été prise à la vitrine d'une boutique d'une ville de l'Exmoor, en Cornouailles.










Ce qui est écrit en bleu est directement repris de la nouvelle. J'ai utilisé des crochets [...] lorsque j'ai fait des coupures.







Trois souris :

Il faisait froid. Le ciel londonien était sombre et tout chargé de neige. Au 74 Culver Street, une femme se fait assassiner. On retrouvera épinglée à sa robe une demi-feuille de papier avec ces mots : C'est la première, illustrés de trois souris et de quelques notes de musique.
Les anglais sont assez friands de petites comptines et Trois souris en est une :

Trois souris (bis) 
N'y voyant mie (bis)
Trottinaient dans la chaumière
Mais sortant, son couteau la fermière
Leur a tranché la queue avec colère
Aux trois souris.


Parallèlement, dans le comté du Berkshire,  nous faisons connaissance d'un jeune  couple : Molly et Giles Davis, qui ont hérité d'une maison victorienne, Monskwell Manor. Ils  ont décidé de la transformer en pension de famille. Il s'agissait d'une vieille bâtisse,  immense et toute pleine de choses datant du règne de la reine Victoria. La maison était entourée d'un beau jardin mais qui, extrêmement négligé durant les trois années qui avaient suivi la guerre, était maintenant  plus ou moins retourné à l'état sauvage.  La maison se trouve à trois kilomètres du village le plus proche, "à trois kilomètres de tout", comme disait Molly. C'est là que va finalement se dérouler l'histoire. Alors qu'une tempête de neige s'est levée, les jeunes gens, totalement inexpérimentés et donc un peu anxieux, attendent leurs tous premiers clients.

Vont ainsi cohabiter sous leur toit quatre clients à la personnalité différente, ce qui ne manque pas de créer des tensions.

Mr Wren est un jeune homme assez exalté. Ses parents l'ont prénommé Christopher en hommage à l'architecte de la cathédrale Saint-Paul de Londres, espérant ainsi que leur progéniture deviendrait lui-même architecte, ce qui semble être sur le point de se réaliser, le jeune homme n'ayant toutefois pas encore tous ses diplômes. Il semble assez imprévisible et, quelque peu envahissant, s'incruste jusque dans la cuisine où il propose d'aider à la préparation des repas et à faire la vaisselle.

Mrs Boyle est une sorte de dragon ambulant, le spécimen de la femme au tempérament tyrannique doublée d'une râleuse née. Sa maison qui avait été réquisitionnée par l'armée doit subir des réparations et elle a dû se loger ailleurs en attendant. Très active pendant la guerre - où elle s'était donc trouvée à son affaire, déployant tant d'énergie et d'allant que les gens n'avaient pas le temps de se poser des questions sur ses compétences réelles en matière d'organisation - elle se trouve à présent désœuvrée et le supporte mal.
Malgré l'inexpérience du jeune couple, la pension de famille est bien tenue et la cuisine est bonne. Mrs Boyle [...] n'en était que plus contrariée, se voyant ainsi privée d'un légitime prétexte pour se plaindre. [...] Mrs Boyle aimait le confort, mais elle aimait aussi trouver matière à récrimination, et ce dernier goût l'emportait sans doute sur le premier.

Quand au major Meltcalf, c'est un  quinquagénaire robuste, à l'allure militaire, dont la majeure partie de la carrière s'était passée aux Indes, un personnage récurrent dans les histoires d'Agatha Christie.

Les intempéries amènent inopinément un quatrième comparse  : Mr Paravicini.

Quel est le lien entre ce crime et Monskwell Manor ? C'est ce qu'il faudra découvrir. La police  a suffisamment de soupçons pour envoyer un sergent du Berkshire chez les Davis.

Au début de l'histoire, nous n'en savons pas plus au sujet des pensionnaires de Monskwell Manor que Molly et Giles eux mêmes et c'est assez mince :

- Que savez-vous de vos pensionnaires, monsieur ?
- Je... Nous... (Giles s'interrompit, puis reprit posément:) A vrai dire, pas grand-chose, sergent. Mrs Boyle nous a écrit d'un hôtel de Bournemouth, le major Melcalf, de Leamington et Mr Wren d'un hôtel particulier sis à South Kensington. Quant à Mr Paravicini, il nous est pour ainsi dire tombé du ciel, sa voiture ayant eu, non loin d'ici, un accident dû à la neige.


La tempête de neige finit par isoler totalement les habitants de la pension de famille : les routes deviennent impraticables, le téléphone ainsi que toute retraite se trouvent coupés. La pension de famille  se transformant en souricière, pour ses habitants qui se trouvent peut-être enfermés avec un assassin et pour l'assassin lui-même.
Evidemment, le lecteur s'aperçoit au fil des pages que personne n'est totalement ce qu'il parait être au premier abord : chacun a quelque chose à cacher, une broutille ou un secret plus sinistre.
L'histoire se déroule dans  une Angleterre qui sort tout juste de la guerre  et chaque personnage en porte  fraîchement  les stigmates, plus ou moins enfouis. Cette fragilité est exacerbée par ce huis-clos oppressant, cette cohabitation plus que probable avec un meurtrier, des blessures toutes fraîches sont ravivées. Les préoccupations du jeune couple et de leurs clients esquissent une peinture en miniature de l'Angleterre de cette période :  habitations délabrées suite à la guerre, difficultés pour se loger, pour se ravitailler, (Giles part à l'autre bout du comté pour acheter du grillage, ils doivent économiser sur le coke car ils en ont à peine assez)... On découvre que l'un des clients se livre au marché noir. Cohabitent au sein de ce petit monde des gens qui ont souffert de la guerre, de différentes façons, et des gens qui en ont profité.

C'est une nouvelle donc un récit assez court (88 pages) mais de loin la plus longue du recueil. Toutes les autres font 18 pages sauf L'appartement du troisième qui en compte 25.
C'est ma nouvelle préférée de ce recueil en raison de son contexte historique, sans doute celle qui est le plus fouillée aussi. L'intrigue s'inspire d'un drame réel qui s'est produit dans le Shropshire en 1945. (Je ne vous en dis pas davantage pour ne pas trop en dévoiler)
Je constate une fois de plus qu'Agatha Christie, au travers de petites phrases qui semblent anodines, pose mine de rien des renseignements qui ont leur importance. Elle a beaucoup d'humour et si cet humour donne le la couleur aux personnages et de la vivacité à ses récits, je me suis demandée s'il ne nous détournait pas parfois aussi un peu des petits indices qu'elle glisse dans ses romans.

Apparemment, le jeune couple tenant la pension de famille, Molly et Giles Davis, s'appelle dans la version anglaise Molly et Giles Ralston. Les autres personnages répondent à la même identité dans les deux versions.

J'ai aimé tout le recueil, bien qu'il soit constitué de nouvelles je n'ai pas eu l'impression de "manque", l'intrigue et son cadre sont soignés à chaque fois. J'ai néanmoins un peu moins accroché à La Malédiction  ainsi qu'à l'Enlèvement de Johnnie Waverly. Bien qu'ayant lu plusieurs fois le livre je ne m'en souvenais pas alors que je me souvenais plutôt bien des autres.

Voici, rapidement, de quoi il est question dans les autres nouvelles où l'on retrouve soit Miss Marple, soit Hercule Poirot


Meurtre sur mesure : (18 pages)  Le début de l'histoire trouve Miss Politt, couturière de son état, en train d'actionner le heurtoir à la porte du cottage de Mrs Spenlow, à qui elle apporte une robe pour un essayage. Personne ne répond... Par la plus proche fenêtre, on apercevra Mrs Spenlow, gisant sur le tapis, devant la cheminée...
Une enquête de Miss Marple

Une perle : (18 pages) Les demoiselles Skinner, Miss Lavinia et Miss Emily, vivent à St Mary Mead. Miss Emily est hyponcondriaque et passe le plus clair de son temps alitée dans la pénombre de sa chambre, à se plaindre de différents  maux que les gens du village étaient enclins à croire exagérés, voire imaginaires. Un jour les deux sœurs engagent une bonne, une véritable "perle", à tel point que cela en semble trop beau pour être vrai...
Le onzième jour....
Une enquête de Miss Marple

Malédiction : (18 pages) Tout le monde était impatient de voir la riche et belle épouse que Harry Laxton avait ramené de l'étranger.  Le jeune mariée n'avait pas été par le passé un modèle de bonne conduite : Il avait brisé des vitres, pillé des vergers, braconné, fait des dettes, affiché sa liaison avec la fille du buraliste - liaison à laquelle il avait mis un terme en partant pour l'Afrique. Malgré cela le village - représenté en l'occurrence par un certain nombre de vieilles demoiselles - avait murmuré avec indulgence : "Il faut bien que jeunesse se passe ! Quand il aura jeté sa gourme, il s'assagira"
Et voilà que l'enfants prodigue était de retour, non dans l'affliction, mais triomphant. Harry Laxton avait acheté une conduite, comme on dit.
Harry a racheté  Kingsdean House où il a passé son enfance et le couple s'y installe. Mais la jeune mariée ne se plait pas dans son nouvel environnement. Elle est persécutée par l'ancienne gardienne, l'atmosphère devient oppressante...
Une enquête de Miss Marple.

L'appartement du troisième :  (25 pages) Quatre jeunes gens, deux hommes et deux femmes, rentrent de soirée. Le début de l'histoire les trouve devant l'appartement de l'une d'entre eux, Patricia Garnett au quatrième étage d'un immeuble londonien.  Mais Pat a perdu sa clé. Les deux garçons se proposent d'utiliser le monte charge pour entrer par la cuisine, où se trouve un double de la clé,  et d'ouvrir l'appartement de l'intérieur. Mais...
Une enquête d'Hercule Poirot (qui habite au second étage ;-)

L'enlèvement de Johnnie Waverly : (18 pages) Le petit Johnnie Waverly, âgé de trois ans,  est le fils de Marcus Waverly Esq,  homme issu d'une des plus vieille famille d'Angleterre et de Mrs Ada Waverly, fille d'un desplus importants propriétaire d'aciérie de Birmingham. Depuis une dizaine de jours sa famille reçoit des lettres anonymes et Mrs Waverly semble avoir été victime d'une tentative d'empoisonnement. Un mot trouvé dans la chambre de Marcus Waverly semble indiquer que quelqu'un de la maison est complice. Le petit Johnnie se trouve finalement enlevé, bien que la maison soit en état de siège et que la police se trouve sur place...
Une enquête d'Hercule Poirot.


J'ai lu Trois Souris dans le cadre du Mois Anglais chez Lou et Titine, ainsi que dans le cadre du challenge Agatha Christie chez Georges.

Je me suis par ailleurs inscrite à une lecture commune, ayant pour thème un livre au choix d'Agatha Christie (dans le cadre du Mois Anglais) pour le 20 Juin. J'y présenterai un roman de la Reine du crime que Kesiha m'a prêté ;-)







9 commentaires:

  1. Je ne savais pas que ce livre était un recueil de nouvelles et qu'Agatha Christie avait transformé sa célèbre pièce en nouvelle.

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  2. Apparemment "Trois souris" existe en livre concernant la pièce de théâtre seule, et aussi en recueil de nouvelles.

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  3. Merci pour ta participation. je ne suis pas très adepte des nouvelles, mais peut-être en lire une entre deux romans ça peut être bien !
    Comme Titine, j'ignorais que c'était une adaptation d'une pièce.
    Un billet donc très intérassant !

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  4. Allez, go pour la lecture en anglais (mais c'est un des meilleurs de la dame!)

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    1. Je l'ai lu en français il y a longtemps et j'avais bien aimé.

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    2. Bonjour, je dois lire "maitre sur mesure" en anglais et je n'ai pas tout compris. Qui a tué Mrs Spenlow?? Urgent svp

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  5. Bonjour, je dois lire "maitre sur mesure" en anglais et je n'ai pas tout compris. Qui a tué Mrs Spenlow?? Urgent svp

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  6. Bonjour "soie" , pouvez vous me dire qui a tué Mrs Spenlow dans "meurte sur mesure" je les lu en anglais et je n'ai pas reussi a comprendre si c'etait miss politt, mr spenlow ou quelqu'un d'autre.. Merci d'avance de votre aide

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